De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Depuis deux années déjà, Oran ne dispose que d'un seul festival, le Festival du raï ayant été transféré vers Sidi Bel Abbès. Ville multiséculaire, culturelle et artistique, Oran a de tout temps attiré les créateurs, les génies de l'art et constitué un vase communiquant pour les générations d'artistes, d'hommes de lettres et de culture et autres créateurs hors pair. Durant les années 1990, El Bahia couvrait pas moins de cinq grandes manifestations culturelles et artistiques qui faisaient le bonheur des estivants et autres touristes. On citera, entre autres, le Festival de la chanson comique, les Soirées du rire qui se déroulaient chaque Ramadhan, le salon culturel des étudiants, le Festival du karkabou, le Festival du raï, etc. Ces manifestations culturelles et artistiques étaient réparties sur toute l'année, faisant également le bonheur des habitants de la cité. La faiblesse des ressources et les entraves de l'administration locale ont fini par avoir raison de ces activités. Il faut dire que les autorités locales ont toujours eu cette susceptibilité, pour ne pas dire ce complexe vis-à-vis de ces jeunes organisateurs qui avaient, pourtant, développé tout un art dans l'organisation et la gestion des festivals. Un potentiel perdu et gâché sur l'autel de calculs mercantiles et politiciens dans d'autres circonstances. Même la mise en place des festivals par le département de Khalida Toumi n'avait pas pris en considération ces particularités et ces détails très importants dans la suite des événements. «Ils nous ont pris le Festival du raï pour des raisons que nous commençons à cerner. Le prétexte du refus du wali sur lequel certains fonctionnaires du ministère s'étaient appuyés de manière paradoxale n'était, en fait, que l'arbre qui cachait la forêt. A voir qui chapeaute actuellement le festival, on comprendra aisément le pourquoi de la chose», note l'un des organisateurs du Festival du raï. Tous les artistes conviennent que «plus de 80% des festivals se déroulent dans la capitale et la région du Centre. Le reste du pays attend sa part. les responsables de la culture gagneraient à généraliser ces manifestations, même si elles devraient abandonner l'intitulé du festival et tout ce que cela implique comme engagements financiers et logistiques», note-t-on encore. Sur un autre registre, nombre d'artistes oranais déplorent l'insuffisance flagrante dans l'organisation et la programmation des manifestations culturelles et artistiques, « même si l'activité artistique et culturelle a connu un regain intéressant ces dernières années». Selon A. Abdelkader, comédien ornais, «la faiblesse des festivals et leur inconsistance résident dans leur périodicité. L'impact n'est que virtuel et ponctuel sans aucun cheminement ou logique dans leur gestion. Que créent finalement ces festivals auxquels on alloue des budgets colossaux. Du chant et de la danse ? La joie et la gaieté aux spectateurs ?». Avec autant d'argent alloué au secteur de la culture, nous sommes capables de mettre sur les rails une véritable industrie et machine à production que bon nombre de pays nous envieraient. Seulement, … », confiera-t-il. Pour le moment, les associations qui activent sur le terrain rencontrent énormément de difficultés à faire aboutir leurs manifestations, tant il est vrai que les interdits et la bureaucratie sont de mise dans la wilaya d'Oran. En tout cas, El Bahia qui recèle un public aguerri et dégustateur serait ravie d'accueillir davantage de festivals.