Le festival de la chanson oranaise qui devait se tenir dans courant de la première semaine du mois d'août a été finalement reporté à une date ultérieure. Annoncé comme festival de substitution au festival traditionnel de la ville d'Oran par le wali en pleine émission de la télévision nationale, le premier festival local de la chanson oranaise devait bénéficier de toute l'attention des autorités locales. Ce qui n'est pas le cas puisque deux dates initiales retenues par les organisateurs n'ont pas été respectées. A l'origine de cette situation désastreuse, l'absence de budget alloué au festival et l'inaptitude des organisateurs, notamment la directrice de la culture complètement dépassée par les événements. Autre problème significatif, la chanson oranaise ne compte plus d'adeptes et reste cantonnée à la seule télévision et à la radio locale. La chanson oranaise ne fait plus recette. «Avec quoi voulez-vous qu'on organise ce festival ? Il n'existe presque plus de chanteurs et de chansons oranaises. En plus, si vous vous amusez à organiser pareils spectacles vous risquez de vous retrouver avec zéro public, si vous n'êtes pas ridiculisé. Quand des walis viennent à imposer des choix et des goûts insensés, voilà ce qui arrive. C'est à croire qu'il n'y a pas de lois dans ce pays», note un organisateur de spectacles à Oran. En effet, si l'on s'amuse à compter les chanteurs qui évoluent dans les sphères de la chanson oranaise, ils ne sont pas nombreux. A peine une dizaine dont plus de la moitié sont des imitateurs des grands et défunts de la chanson oranaise. Ce qui ne permet pas de tenir plus de deux soirées au grand maximum. Pour pallier ce déficit d'artistes, les organisateurs songent à faire appel aux jeunes chebs de la chanson raï. Ainsi, Oran, qui avait son festival du raï avant qu'une décision unilatérale des autorités –censées travailler pour la relance artistique et l'animation de la scène culturelle locale- ne le délocalise à Sidi Bel Abbès, se retrouve à bricoler des festivités avec un ersatz de festival pour remplacer son festival de la chanson raï qui a fait les frais d'une animosité ancienne ravivée et d'une inquisition politicienne en mal d'autorité et surtout de repères. «Car, renvoyer le festival du raï vers Sidi Bel Abbès, c'est vouloir le tuer. On n'organise pas un festival de cette envergure dans une ville comme Sidi Bel Abbès qui a déjà deux festivals à son actif», notent des observateurs. En attendant, Oran connaît une décadence artistique et culturelle sans précédent. Le théâtre de verdure qui n'a pas vu de soirées depuis le début de la saison, hormis les trois soirées organisées par le festival du film arabe, chôme toujours.