Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Quatre années se sont écoulées depuis la malheureuse décision ministérielle de transférer le Festival de la chanson raï vers Sidi Bel Abbès, avec tout ce que cela implique comme répercussions sur le sort de cette manifestation d'envergure. Quatre années que la capitale de l'Ouest erre dans les dédales et les méandres culturelles et artistiques concoctés par les responsables locaux pour justifier le départ de ce festival d'Oran. L'une des manifestations censées se substituer au festival sédentaire, c'est le Festival de la chanson oranaise initié par les personnes hostiles à la chanson raï. Là aussi, trois années se sont écoulées depuis le lancement de la première édition de ce festival créé de toute pièce pour cacher la gêne dans laquelle s'étaient engouffrés les responsables locaux. Cette année, la troisième édition veut offrir au public une autre image que celle des années précédentes. Une image ternie par la mauvaise qualité des spectacles et les prestations artistiques, la mauvaise organisation, les surcoûts des plateaux artistiques et les dépenses inconsidérées et insensées pour une manifestation qui n'a pas encore retrouvé son fil d'Ariane. Malgré les efforts fournis et la fertile imagination des organisateurs, la troisième édition du Festival de la chanson oranaise ne présente d'affiches originales, tant il est vrai que les initiateurs du projet n'arrivent pas à établir la limite entre la chanson raï et la chanson oranaise. Il est vrai qu'il existe une pépinière de jeunes chanteurs sur la place qui s'essayent à différents styles, mais ceux-là n'ont rien à voir avec la chanson oranaise. Plutôt du style oriental et algérien, ou plutôt algérois genre Lamari, Rachedi et autres mélodies se rapprochant de Abdelhalim Hafed et autres… Il existe à Oran des chanteurs qui maîtrisent la chanson oranaise, mais ils se comptent sur les doigts d'une seule main. C'est le cas de notre maestro Baroudi Ben Khada qui excelle dans ce style de chant. Ce dernier a effectué un virage important dans sa vie artistique en se consacrant au madih, tout en conservant et peaufinant son style personnel. Il y a Maati El Hadj qui continue d'imiter le défunt Ahmed Wahbi, bien qu'il ait tenté de changer de style ou de chanter autre chose. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, en tout cas. Bouteldja Belkacem et Bouteïba qui vivent en France gardent tous deux ce cachet orignal du Wahrani, sans pouvoir le transmettre aux générations futures. C'est le cas également de notre talentueux Blaoui El Houari qui a tenté de passer le flambeau aux jeunes, notamment à travers des adaptations, des mélodies élaborées pour des jeunes chanteurs de raï comme Cheb Nasro ou encore Houari Benchenet. Ce dernier reste une icône majeure dans la chanson locale, tant il est vrai que son style allie majestueusement deux styles, le raï et l'oranais. Mais ces artistes, à eux seuls, ne peuvent pas faire un festival. Du coup, on improvise. Mais quand on n'est pas un professionnel, on tombe forcément dans le ridicule. En effet, les différentes affiches proposées par cette troisième édition comportent beaucoup plus de chanteurs de raï et autres styles mélangés que de chanteurs style wahrani. Pourquoi alors avoir chassé le festival du raï ?