Le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, présentera aujourd'hui le dernier rapport sur l'évolution économique et monétaire de l'Algérie. Ce document qui a analysé la période allant de 2000 à 2008 a touché tous les secteurs économiques. M. Laksaci aura ainsi à expliquer les grands changements macroéconomiques survenus dans notre pays durant cette période. «Après huit années de gestion macroéconomique saine, l'année 2008 s'est caractérisée par des performances financières historiques à en juger notamment par la solidité marquée de la position financière extérieure nette», conclut ce rapport. Malgré cette situation macroéconomique, il y a lieu de rappeler que l'Algérie a connu depuis quelques mois une série de mesures tendant à freiner les importations en augmentation constante et à se prémunir contre les effets d'une crise économique qui ne fait que perdurer. Pour la Banque d'Algérie, grâce aux secteurs du bâtiment et des travaux publics, de l'industrie et des services, le produit intérieur brut (PIB) a enregistré une progression durant l'année dernière, et ce, même si le secteur des hydrocarbures a été touché de plein fouet. La Banque d'Algérie a précisé dans le même document qu'en volume, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,4% en 2008 contre 3,0% l'année précédente, en recul de 2,7 points par rapport à l'année 2005. L'investissement et la consommation finale continuent de progresser, l'excédent budgétaire croît de 83% (835,9 milliards de dinars en 2008 contre 456,8 milliards de dinars en 2007), la balance des paiements dégage un solde global de 36,99 milliards de dollars, en hausse de 25,2%. Quant au chômage, il recule de 0,5 point à 11,3% de la population active, mais demeure «élevé». Pour ce qui est de l'agriculture, le document de la Banque d'Algérie a relevé qu'elle a enregistré une contre-performance : bien que sa croissance annuelle en volume soit positive depuis 2001 et a toujours dépassé 1,9%, le secteur agricole a réalisé, en 2008, ses pires performances depuis huit ans, comparables seulement avec la récession de l'année 2000. Sa valeur ajoutée, indique la BA, a reculé de 5,3% et a perdu 10,3 points par rapport à 2007. Malgré de fortes hausses de la production maraîchère (11,4%) et de la production arboricole, oléiculture et viticulture notamment, la forte baisse de la production céréalière, qui est passée de 43 à 17 millions de quintaux (- 60,5%) due à des conditions climatiques défavorables, explique ce repli significatif de la valeur ajoutée du secteur. La contribution du secteur de l'agriculture au produit intérieur brut (6,6%) a perdu un point de pourcentage et se maintient à la quatrième position parmi les cinq secteurs de l'économie nationale. Cette contre-performance du secteur agricole aggrave encore davantage la dépendance alimentaire de l'Algérie, dans un contexte de cours des produits agricoles encore élevés, malgré la récente baisse observée au deuxième semestre 2008. L'autre aspect soulevé dans ce rapport a trait à la consommation finale qui s'est accélérée, passant de 3,7% en 2007 à 6,3% en 2008. Elle a été générée par la hausse considérable de la consommation des administrations publiques qui a progressé de 1,6 point de pourcentage à 8,7%, et par celle des ménages, moindre mais significative, estimée à 4,9%, quasiment le double du rythme de 2007. Compte tenu d'une croissance démographique stable de 1,9%, la consommation par tête a donc progressé d'environ 3 points, résume la BA. S'agissant du contrôle des banques, l'institution que dirige Mohamed Laksaci estime qu'il reste beaucoup à faire dans le secteur bancaire. Les chiffres de la BA indiquent que 81 procès-verbaux d'infraction (blanchiment d'argent) ont été enregistrés en 2008. C'est un préjudice de 5 429 millions de dinars. Pour le contrôle interne, elle a relevé de nombreux cas de non-respect des normes. Des infractions imputables plus aux banques privées (52%) qu'aux banques publiques (37%) et aux établissements financiers (11%). Des retards dans la transmission des reportings ont été aussi signalés par la BA, laquelle a mis à nu des insuffisances dans certains systèmes d'information. S. B.