Photo : Sahel Sin city, From hell, Batman, Spiderman sont tous des titres de films qui ont longuement squatté les premières places du box- office américain bien qu'ils soient tous des adaptations de bandes dessinées. Inspirés des planches de grands bédéistes, ces films, bien qu'ils cartonnent, déçoivent souvent les fanatiques de BD qui sont les premiers à les critiquer en leur reprochant d'avoir mal «reproduit» la magie de la planche. C'est là toute la difficulté de donner vie à des personnages que les lecteurs s'approprient et imaginent selon leur humeur. Mais en revanche, il n'est pas exclu que certaines de ces adaptations arrivent à satisfaire la majorité, cela dépend évidement du talent de l'équipe qui s'est penchée sur ce travail. En effet, la bande dessinée et le cinéma, bien que ce soient deux arts différents, se retrouvent enchaînés l'un à l'autre, une sorte de continuité qui s'est créée au fil de l'évolution du 9ème art et du cinéma, bien sûr, avec ses nouvelles technologies, d'où la réalisation du film 300 ou encore Spiderman. Cette relation qui existe entre ces deux arts a été le sujet d'une conférence donnée jeudi dernier à l'esplanade de Riad El Feth où se tient le 2ème Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA), animée par le bédéiste belge Etienne Shreder, Djilali Biskri et le caricaturiste américain Daryl Cagle (ce dernier a eu du mal à communiquer à cause de l'absence de traducteur). Dans son allocution d'ouverture, M. Shreder s'est longuement étalé sur les exemples d'adaptation de bandes dessinées au cinéma, des adaptations qui n'ont pas vraiment connu de succès, à l'image de celle de Tintin dans les années 1960. Et pour souligner la difficulté de réaliser un tel projet, il citera l'exemple de la petite fille qui, à la sortie de la salle de cinéma où venait d'être projeté Tintin déclare à la presse : «J'ai pas aimé le film parce que le capitaine Haddock n'a pas la même voix que sur les albums.» Les critiques sont restées stupéfaites face à une déclaration aussi sincère et percutante, qui résume, avec une logique enfantine, la force d'une bande dessinée, poussant même ses lecteurs à imaginer la voix des personnages. Mais il soutiendra, en revanche, l'adaptation d'Astérix et Obélix par Alain Chabat «ce réalisateur a bien choisi l'album. Avec Cléopâtre, il a fait de ces deux personnages des rôles secondaires en misant tout sur Djamel Debbouze dans le rôle d'un architecte raté. C'est une parodie réussie», conclura-t-il. S'interrogeant sur cette relation d'échanges entre BD et films, il dira que certaines productions cinématographiques adaptées lui ont donné envie de lire les bandes dessinées originales tels que Sin City ou encore From hell au moment où certains fans de Batman ont trouvé l'adaptation cinématographique quelconque. Conclusion, il est difficile de trouver une recette qui fait marcher BD et cinéma de concert, sans tomber dans l'aspect commercial. Djilali Biskri, de son côté, dira que le cinéma a toujours été lié à la littérature et la bande dessinée. «Les gens portent souvent un regard très critique sur les adaptations de BD au cinéma car le lecteur en lisant une œuvre s'est déjà fait une idée sur les personnages, donc, pour arriver à le satisfaire, il ne faut pas trop s'éloigner de l'ambiance générale.» A la fin de ce débat, Etienne Shreder nous confiera que, selon lui, le théâtre est l'art le plus proche de la bande dessinée.