Les travailleurs du port d'Alger, menacés de se retrouver au chômage, ont observé hier un sit-in devant la Centrale syndicale demandant le renouvellement de leurs représentants. Le lien entre le renouvellement de la section syndicale et la préservation des emplois est clair pour ces travailleurs qui considèrent que leurs représentants n'ont pas défendu leurs intérêts lors de la décision du gouvernement d'interdire le débarquement des marchandises non conteneurisées au port. «Aucune concertation avec le partenaire social n'a été faite et ce dernier n'a réagi qu'après l'application de cette décision», affirment les travailleurs en grogne, venus nombreux solliciter Sidi Saïd, le secrétaire général de l'UGTA afin de renouveler une section syndicale dont le mandat a expiré depuis deux ans, en plus de son «inefficacité». Selon les protestataires, quelque 650 employés du port risquent de se retrouver au chômage dès la fin de leur contrat de travail «l'employeur n'aura plus aucune raison de renouveler le contrat et les employés avec des CDD (contrat à durée déterminée) vont se retrouver sans emploi. Déjà que ceux qui ont des CDD de trois mois (ils ne sont payés qu'au shift) sont aujourd'hui sans salaire». Même les employés permanents sont lésés avec cette décision puisque comme ils l'expliquent : «Une baisse du trafic va être enregistrée ce qui engendrera une baisse du chiffre d'affaires et donc une diminution de la prime de rendement individuel et collectif [PRI/PRC]». Les 2500 travailleurs du port aspirent donc à une représentation syndicale forte qui pourra arracher leurs revendications dont les plus importantes sont la préservation des emplois et les négociations sur la convention de branche. «Des solutions peuvent être trouvées avec la tutelle afin de préserver les emplois. Il est possible de proposer un redéploiement du personnel vers d'autres structures ou encore d'inciter toutes les parties concernées à travailler la nuit pour le déparquement de certains produits (comme le rond à béton ou le ciment) qui ne provoquent pas d'encombrement», proposent les travailleurs. Reçue hier par le secrétaire national chargé des finances, M. Salah Djenouhat, une délégation des travailleurs du port d'Alger a réussi à soumettre ses doléances. Le responsable syndical, qui s'est engagé à consulter M. Sidi Saïd, s'est également engagé à voir «comment instruire l'union communale d'Alger-centre pour préparer une assemblée générale et renouveler le conseil syndical du port dans les meilleurs délais». Une fois renouvelée, les nouveaux représentants des travailleurs du port auront du pain sur la planche. En plus de la plateforme des revendications sus-citée, ces derniers devront également prendre en charge le cas de 22 dockers «lésés» par l'entreprise portuaire. Ces derniers, qui avaient des contrats de travail à durée indéterminée (CDI) avec l'Epal, ont été transférés, en compagnie de plus de 450 autres employés, vers le groupe DP Word, l'opérateur mondial des terminaux qui a officiellement pris le contrôle des opérations au port d'Alger. Avec ce groupe, ces travailleurs mutés ont également signé des CDI. Vingt-deux d'entre eux, des dockers, ont été affectés de nouveau vers leur entreprise mère, l'Epal. Mais cette dernière ne veut les reprendre qu'avec des contrats à durée déterminée. Ce qu'ils refusent formellement. Leur situation reste en suspens et seule une représentation syndicale capable de mener des négociations minutieuses pourrait y remédier. H. Y.