Les sections syndicales de la zone industrielle et le conseil exécutif de l'union locale de Rouiba menacent de ne plus travailler avec la Centrale syndicale en raison de “son absence et sa passivité”. C'est un véritable pavé dans la mare qu'ont jeté les syndicalistes de Rouiba, réunis hier au siège de la SNVI. Les membres du conseil exécutif de l'union locale de Rouiba et les sections syndicales de la zone industrielle exigent le lancement du chantier de la réforme de l'organisation et menacent de ne plus travailler avec la Centrale syndicale si celle-ci continue à briller par son absence et sa passivité face aux multiples agressions subies par les travailleurs. “Il est inadmissible de laisser le travail syndical aux partis politiques dont certains tentent de faire du populisme avec les préoccupations des travailleurs, alors que la centrale affiche un silence total et inquiétant.” Certains partis (allusion au FLN) évoquent la question des salaires, alors qu'ils ont le pouvoir de décision compte tenu de la majorité qu'ils détiennent au sein de l'APN et au gouvernement, précise Messaoudi qui s'étonne, par ailleurs, que “c'est l'UGTA qui courtise les partis au lieu de l'inverse”. Continuant sur sa lancée, le membre de la CEN s'interroge sur le mutisme observé par la centrale sur la privatisation telle que menée actuellement, les retards des salaires, les décisions de justice non appliquées et le diktat imposé par les SGP et certains dirigeants d'entreprise pour liquider nos outils de travail. L'orateur ajoute qu'“on perd du temps avec des bipartites et des tripartites réduites à examiner des questions qui relèvent pourtant du droit des travailleurs”. Pour lui, “l'Algérie demeure le seul pays au monde où certaines entreprises ne versent pas le salaire à ses travailleurs à la fin du mois, et où les décisions de justice restent non appliquées”. Pour sa part M. Benmouloud, de la SNVI, s'en prend à la Centrale syndicale qu'il qualifiera d'“appareil”. “La plupart de nos responsables sont des retraités, ne disposant ni de fiches de paie ni de carte d'adhérent à l'UGTA et prétendent nous représenter”. Sur un ton menaçant, il ajoutera que si les choses ne se règlent pas d'ici peu, la zone industrielle de Rouiba se démarquera de cette centrale pour préserver ses traditions syndicales et sauver l'UGTA. En outre, un membre du bureau de la fédération mécanique n'y va avec le dos de la cuillère pour exiger carrément la tenue d'une conférence nationale des cadres syndicaux pour adopter une stratégie avec des objectifs adaptés à la situation actuelle. “Il faut sauver l'UGTA”, a-t-il lancé. À l'issue des débats, les syndicalistes de Rouiba ont adopté une déclaration très virulente à l'endroit de leur centrale et des pouvoirs publics. “L'UGTA reste étrangement et dangereusement passive devant la multiplication des conflits de travail, laissant le terrain aux syndicats autonomes (…) Nombreux sont les organes qui n'ont pas procédé à leur renouvellement, et cette illégitimité permanente les transforme en appareil qui a des répercussions néfastes sur la crédibilité auprès de la base et auprès des partenaires à tous les niveaux”, lit-on dans la déclaration. Les auteurs dudit document appellent les syndicalistes au niveau national à un sursaut syndical. Puisque “les dysfonctionnements qui affectent les organes de l'UGTA, en l'absence d'une véritable démocratie syndicale, ont conduit à des sanctions disciplinaires dont la portée affecte le moral de l'ensemble des acteurs de l'organisation et risque de briser l'unité de ses rangs, d'où la nécessité de procéder à une réforme de l'organisation qui se fait de plus en plus sentir”, lit-on encore dans la déclaration de Rouiba. Enfin, les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba ont décidé de transformer les festivités du 24 février “en une journée de deuil”. N. Zerrouki