Hier, les sections syndicales ont crié haut et fort que leur secteur «se porte bien». «Vive le secteur public, halte à la privatisation», «Oui à la mise à niveau des entreprises, non au bradage», ce sont là les slogans scandés par les centaines de travailleurs affiliés à l'Union nationale des travailleurs de la métallurgie, de la mécanique, de l'électricité et de l'électronique, lesquels ont improvisé, hier, un sit-in devant le siège de la Centrale syndicale. Ce qui devait être une rencontre nationale sur le dossier de la privatisation, s'est mué en un important rassemblement organisé par les syndicats d'entreprise. Ces derniers ont décidé à la dernière minute de chambouler l'ordre du jour de cette réunion à la grande surprise du secrétaire général de la fédération: «Nous avons convenu d'organiser un débat au siège de l'Ugta pour débattre du lancinant dossier des privatisations, mais (ils) ont préféré recourir à ce mouvement de protestation sans aucun préavis», précise M.Sedik Kourdjani. Mais, pour les protestataires, «il n'y a rien à dire, rien à discuter, notre position est claire». «Claire», dans la mesure où les travailleurs des secteurs représentés hier, «refusent dans le fond et dans la forme les privatisations». Ils reprochent au SG de la fédération «d'entretenir un discours ambigu» ou même «d'encaisser la décision du gouvernement». Des positions qui renseignent on ne peut mieux sur le malaise qui ronge cette Union. Hier, le pire a été évité de justesse, apparemment indésirable, le président de l'Union est appelé à se retirer. «Il ne nous représente pas, il n'a pas le droit de parler au nom des travailleurs, parce que son mandat a expiré depuis une année», crient les manifestants. M.Sedik Kourdjani, renvoie la balle à l'Ugta: «Nous ne sommes pas les seuls à être dans cette situation, sept fédérations attendent que la Centrale syndicale fixe la date de leur congrès pour renouveler leurs instances.» L'autre détail important, c'est l'absence très remarquée de la direction de l'Ugta. En effet les syndicats d'entreprise estiment que Sidi Saïd «a déçu» la base. «Mme Louisa Hanoune a été plus courageuse en dénonçant, dès le départ, le processus de privatisation», précise le représentant de la Snvi, «si elle décide de créer un syndicat nous en serons les premiers adhérents», ironise un autre. Et pourtant, M. Kourdjani persiste en affirmant que «rien ne sera fait sans l'aval de la base». Autrement dit «la position de Sidi Saïd sera celle des travailleurs. Nous allons remettre dans ce sens notre rapport à la direction avant le 31 décembre». Un rapport qui dira «non à la privatisation, mais aussi non à l'humiliation des travailleurs», à en croire notre interlocuteur. Hier, les sections syndicales ont crié haut et fort que leur secteur «se porte bien». C'est le cas à titre d'exemple de l'Edeal, entreprise qui emploie plus d'un millier de travailleurs, spécialisée dans les équipements électroniques qui figure sur la liste des 1200 entreprises privatisables. «C'est une décision non réfléchie et grave, notre société se porte bien, nous sommes le premier fournisseur de la Sonelgaz en équipements», argue un représentant de la section syndicale. Ce dernier dénonce ce qu'il qualifie de «mise à mort programmée du secteur». Le même discours est développé par le membre de la section syndicale du complexe machinerie agroalimentaire de Sidi Bel Abbès, M.Mohamed Hamida. Ce dernier atteste que «l'Ugta doit dire non à la privatisation». «Les entreprises publiques ont besoin des programmes de mise à niveau, c'est l'alternative que nous proposons au gouvernement si réellement il a de bonnes intentions à l'égard de ce secteur». Pour ce dernier «le privé est attiré uniquement par les assiettes foncières, en vue de bâtir des hôtels ou des piscines». La mise en vente de 800 entreprises par voie d'Internet suscite l'ire des travailleurs. «C'est un scandale», selon M.Zitoutou Mustapha qui défend son entreprise, «la Snvi qui emploie 8200 personnes est en bonne santé, notre carnet de commandes est complet jusqu'à fin 2006, nous nous sommes imposés sur le marché, rien ne motive la démarche du gouvernement». Les travailleurs de l'Ispat, présents en force, ont été fortement chahutés, hier, par les syndicalistes. «Ils ont vendu le complexe à des Indiens qui les exploitent comme des esclaves». Mais pour M.Menad le SG du syndicat du complexe qui se situe à Annaba, «ce partenariat a permis tout simplement de sauver le complexe et de préserver des emplois». Notons que l'Union va rendre son rapport la semaine prochaine à Sidi Saïd. «Si le gouvernement persiste dans sa démarche, nous n'hésiterons pas à recourir à la rue», menacent les protestataires.