Même si le nombre des donneurs de sang a sensiblement augmenté (ils étaient quelque 200 000 en 2000 contre près du double l'année dernière), et en dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics et le mouvement associatif pour inciter au don du sang, force est de constater qu'il reste beaucoup à faire, les quantités récoltées restant en deçà de la demande exprimée. C'est ce qui ressort du forum d'El Moudjahid d'hier organisé en commémoration de la Journée nationale des donneurs de sang célébrée le 25 octobre de chaque année. Outre l'aspect relatif à la «maigre récolte» en matière de pochettes de sang, les différents intervenants ont été unanimes à dire que des lacunes persistent notamment pour tout ce qui a trait à l'aspect accueil des donneurs. «Des échos nous sont parvenus de certains centres de don faisant état d'un certain mépris à l'encontre des donneurs, outre le fait que ces mêmes centres n'offrent pas la collation pourtant obligatoire en pareille circonstance. Ce n'est assurément pas de la sorte que l'on peut aspirer inciter les gens à offrir un peu de leur sang», fera remarquer M. Gherbi, président de la Fédération nationale des donneurs de sang. Pour le conférencier, l'expérience qu'il a accumulée, à la faveur de longues années de pratique sur le terrain, lui a permis de se rendre compte que le don familial constituait l'essentiel des dons enregistrés. «La majorité des donneurs le font à cause d'une sollicitation faite par un frère, un cousin ou un gendre. Nous n'avons malheureusement pas encore cette culture consistant à venir en aide à une personne avec laquelle nous n'avons pas de liens familiaux», relèvera-t-il, ajoutant que les mosquées, le milieu sportif et les étudiants (au regard de certains paramètres qui leur sont spécifiques) constituent le point de mire de la Fédération nationale des donneurs de sang. Tout en remerciant l'opérateur de téléphonie Djezzy pour les SMS envoyés à ses abonnés en vue de les inciter à faire don de leur sang, M. Gherbi lancera un appel aux citoyens afin qu'ils se manifestent davantage en venant en aide à leurs concitoyens. Pour sa part, le professeur Khezzar, directeur général de l'agence nationale du sang, mettra en exergue le fait qu'offrir un peu de son sang procure une satisfaction morale inégalable, outre le fait que le sang récolté sera analysé, «ce qui pourrait révéler des maladies dont est atteint le donneur», soulignera-t-il. Parlant de l'Agence nationale du sang, il indiquera qu'elle a pour principales missions la sensibilisation du citoyen, la collecte du sang et sa distribution au niveau des hôpitaux. «Toutes les précautions sont prises afin d'empêcher tout donneur potentiel de contracter une quelconque maladie», relèvera l'intervenant, signalant au passage que le centre de Sétif est le plus performant en matière de don du sang. Indiquant que la moyenne (par mois) en matière de don du sang est estimée à 32 000, le président de l'Agence nationale du sang se félicitera qu'au cours du mois de Ramadhan dernier, un pic de 37 000 donneurs a été enregistré. «Ce à quoi nous aspirons, c'est l'autosuffisance des produits sanguins. Dans ce cadre, la collaboration entre le ministère de la Santé et celui des Affaires religieuse s'impose plus que jamais. Des prêches doivent être données dans les mosquées afin de faire comprendre aux fidèles l'importance du don du sang», insistera l'intervenant, annonçant que 13 nouveaux centres seront mis en service avant juillet 2010. Au cours du débat, l'accent a été mis sur la nécessité d'accorder une plus grande importance à la sensibilisation du citoyen. «Il faut mettre davantage de moyens au service de la fédération des donneurs de sang. En outre, il faut que le citoyen soit mis en confiance, qu'il sache qu'il ne risque de contracter aucune maladie en offrant son sang. Il faut absolument qu'il soit tranquillisé sur le fait que son sang arrivera à bon port et qu'il ira à ceux qui en ont en réellement besoin», souligneront des intervenants. B. L.