Nous avons eu à évoquer à quelques reprises, dans ces mêmes colonnes, la déliquescence de la légitimité du premier élu de l'APC du Khroub depuis quelque temps. Nous avons même été jusqu'à saisir (par télécopie) le chef de daïra et le wali de Constantine, pour comprendre un tant soit peu l'extraordinaire inertie de l'administration, d'autant plus qu'initialement son attention avait été attirée par la majorité relative des élus sur la dérive graduelle que prenait l'institution et, ensuite, par un vote de défiance clairement exprimé. Les nombreuses pratiques installées dans l'administration communale autorisaient tous les excès et ne permettaient pas de situer les responsabilités dans la mesure où tout se faisait dans la plus grande anarchie. C'est ce délitement progressif qui a conduit les plus lucides parmi les élus à dénoncer via les titres de presse la disqualification du maire et d'une partie des cadres de l'exécutif dont leur éloignement des postes réputés sensibles, parce que en contact direct avec les citoyens ou en charge de leur cadre de vie, et vraisemblablement gérés au petit bonheur la chance et entretenant de fait des équilibres précaires avec les citoyens et administrés. Des documents étaient signés des jours fériés, parfois dans la rue, c'est dire si n'importe qui, notamment parmi certains responsables des services techniques, pouvait se balader avec un cachet officiel dans sa poche. Mais l'affaire la plus spectaculaire qui aura quand même marqué les esprits dans la ville du Khroub est l'aménagement de ce kiosque à tabac en plein centre-ville, sur la route nationale et face au tribunal, dont le propriétaire prendra tout son temps pour le bâtir en même temps qu'une partie qui devait faire office de vespasiennes jusqu'à ce qu'un jour du mois de Ramadhan un bulldozer vienne le démolir. Renseignements pris, le bénéficiaire de l'espace aurait accédé à ce lot selon une délibération de l'Assemblée communale mais seulement aux fins de procéder à l'aménagement de toilettes publiques. Ce qui semble donc normal, correct et logique sauf qu'il est difficile de s'expliquer par quel phénomène, sinon par cécité… alors volontaire, nul parmi les représentants des autorités locales, qu'ils soient élus ou cadres de l'exécutif, n'y ait mis le holà. Parce qu'il est quand même difficile d'admettre qu'un tel ouvrage puisse être érigé dans la clandestinité d'autant plus qu'il se trouve sur l'axe de circulation le plus important de la ville. Cela étant, n'importe quel fonctionnaire aurait eu à s'interroger sur la réalisation d'un kiosque à tabac à trois mètres d'un autre. Ce qui est contraire à tout bon sens. Un élu nous dira : «C'est simple, il se trouve des personnes qui se disent : ça passe ou ça casse. Avec la déréglementation ambiante et l'anarchie quasi totale qui frappe l'ensemble de l'administration locale… souvent le fait accompli paie. Bien entendu des agents communaux ferment les yeux, les services de police idem, le propriétaire du kiosque pratiquement mitoyen n'ose pas s'insurger parce qu'il n'est pas facile de s'attaquer à l'administration et ce qui est une voie de fait se légitime d'elle-même. C'est un peu comme l'habitat précaire, on autorise une première fois parce qu'il n'y a pas de solution immédiate au logement et ça devient littéralement une plaie.» Tout ce qui s'est passé autour de cette affaire aurait demandé l'ouverture d'une enquête afin de situer les responsabilités et prendre les mesures administratives qui s'imposent. Or, il n'en a rien été et il n'en sera rien parce que tout simplement l'APC est livrée aujourd'hui à elle-même. «Le wali nous a invités à une rencontre demain [jeudi] et nous sommes persuadés qu'il va évoquer et certainement nous informer de la décision prise pour sortir de l'impasse.» Malheureusement, cette réunion qui était déjà prévue aujourd'hui avait été annulée la veille comme celle de demain le sera tout autant.