De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili L'APC du Khroub est, depuis près de six mois, l'objet d'une grande agitation interne. Initialement, c'est une partie des élus de l'opposition qui avait engagé les hostilités en sollicitant du premier édile la reprise en main de l'institution en dénonçant la passivité de l'exécutif, une passivité à l'origine de la déliquescence générale qui s'était installée, suscitant une grogne publique susceptible de dégénérer, et de prendre une dimension dramatique. Passe-droits, «copinisme», laxisme, et tout autre type de tare que peut véhiculer l'hydre bureaucratique, étaient érigés en méthode de gestion. Nous passerons bien évidemment sur de possibles et sans doute plus graves préjudices commis à l'endroit de l'institution. L'attention de Hamdani Yahiaoui, premier édile, à chaque fois que l'opportunité leur était donnée, était attirée par les élus FNA, RND, MSP mais sans pour autant que celui-ci daigne y accorder de l'importance et pour cause… il considérait que sa popularité, une popularité entretenue par des équilibres douteux résultant plus de l'attitude populiste qu'il adoptait pour, également, entretenir un équilibre aléatoire à tous les niveaux. La coupe sera pleine lorsque les élus de son camp décideront de rejoindre les huit élus à l'origine de la fronde. La rupture ne serait plus le fait d'une majorité simple mais de celle d'une majorité absolue. Pendant tout ce temps, l'administration locale et ses responsables n'esquissaient pas la moindre réaction et ce n'est que lorsque le conflit perdurait qu'enfin le chef de daïra décidait de recevoir les élus, d'évoquer les raisons de la crise et dans la foulée y trouver une issue. Or, selon l'un des élus, le chef de daïra se serait contenté lors de la dernière rencontre qui a eu lieu, il y a plus d'un mois, de «lui fournir des éléments palpables à même de justifier le vote de défiance exprimé à l'encontre du maire». Réaction pour le moins incongrue d'un commis de l'Etat qui, au minimum, ne peut ignorer l'article 5 de la loi 90/08 portant code de la commune. M. Far, le chef de daïra du Khroub que nous avons saisi par courrier (télécopie) le 28 septembre dernier n'a accordé aucune suite à notre demande d'explication sur les raisons qui poussent son administration à laisser la situation aller au pourrissement, alors que les lois de la République, conçues pour de pareils cas de figure, dotent l'administration des voies et moyens légaux de résolution de telles situations. Le wali de Constantine saisi dans les mêmes conditions n'a pas accédé non plus à notre requête.Il y a lieu de souligner que le maire du Khroub traîne énormément de casseroles à titre personnel (dont le faux et l'usage de faux est le moins compromettant) et non à celui de sa fonction devant la justice et est pratiquement accoudé à la barre chaque semaine. C'est d'ailleurs plus pour cette raison que toute autre qu'à l'unanimité le conseil communal a sollicité son retrait du moins du poste de premier représentant, sachant que ce n'est plus seulement sa crédibilité qui était mise en doute mais celle de l'institution elle-même qui était en jeu. Il semblerait toutefois, nous l'avons su en fin de matinée d'hier, que, selon des indiscrétions perçues par les élus, l'administration s'apprêterait à prendre une décision qui consisterait à éloigner Hamdani Yahiaoui de son poste et ce, jusqu'à ce qu'il se soit dépêtré de ses affaires avec la justice. Ce qui est toutefois très peu probable, compte tenu de la gravité de certains dossiers (foncier, prise d'intérêt, prise unilatérale de décision engageant le collège communal). Cette décision de mise en veilleuse du premier édile «devrait intervenir mardi [aujourd'hui, ndlr] mais nous n'avons encore rien vu venir. Il semblerait toutefois que le retrait du maire de ses activités est acquis et imminent», nous dira l'un des élus. La question, voire les réponses qui nous ont été données par les proches du maire, serait que son retrait d'une manière abrupte aurait conduit aux conséquences analogues prêtées «à la théorie des dominos. Un élément tombe et les autres (et ces autres seraient très importants sur l'échiquier politique national) suivent en cascade. Autrement dit, ce ne sont pas les seuls intérêts du maire qui sont en jeu mais de tous ceux qui se sont complus à le maintenir contre vents et marées à son poste. Et là, c'est du moins notre souhait, l'avenir les démasquera si toutefois les faits en venaient à être étalés sur la place publique».