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Plaidoirie pour une liberté d'écriture sur les sujets sensibles Rencontre avec l'écrivain Anouar Benmalek autour de son roman le Rapt publié chez Sedia
Photo : M. Hacène Par Sihem Ammour Dans le cadre des rencontres organisées avec les auteurs présents à la 14ème édition du Salon international du livre d'Alger (SILA), samedi denier, la salle El Qods a accueilli une rencontre entre le public et l'écrivain Anouar Benmalek autour de son dernier roman le Rapt publié aux éditions Sedia. Fidèle à son image, l'auteur algérien s'est facilement prêté au jeu des questions-réponses. Avec son franc-parler teinté d'humour, Anouar Benmalek, après avoir présenté son roman le Rapt qui met sur le devant de la scène les massacres de Melouza, la guerre d'indépendance et la période du terrorisme en Algérie, a souligné que ses romans sont une perpétuelle quête de vérité. A propos de la censure, il a répliqué : «Il y a eu d'abord une période de glaciation en Algérie. Dès que vous pensiez publier quelque chose, les services de sécurité venaient. L'intervention de certains pouvoirs est une constante dans notre pays. Aujourd'hui, je préfère être positif. Mon livre, extrêmement sévère contre le système qui régit l'Algérie, est présenté au sein d'une manifestation officielle. Je prends le bon côté des choses. Ici, au SILA, et aujourd'hui, on a la preuve que quelque chose de positif existe.» A propos de la polémique qui a suivi la parution du Rapt et le fait que certaines personnes lui reprochent de publier en France et de faire le jeu des Français, il a rétorqué : «Pour ceux qui ne sont pas d'accord avec moi, je les invite à écrire des articles, à écrire des livres, et c'est à partir de cela que jaillira la vérité. C'est du racisme à l'envers que de penser qu'un Algérien ne peut pas penser ou écrire librement.» L'auteur du Rapt a longuement plaidé pour la liberté d'écriture, estimant que la principale qualité de l'être humain, c'est la liberté. Il a ainsi souligné qu'aucune thématique ne pouvait être sacrée et que tout doit être abordé, même les constantes. Il ajoute à ce sujet : «Ce ne sont pas les romanciers qui ont provoqué les deux cent mille morts, c'est la société qui les a provoqués, dans ses refus de discuter et de dialoguer entre les différents partis. La liberté n'a jamais tué, c'est le refus de la liberté qui tue.» Ainsi, il a affirmé que tous les sujets, même les plus sensibles, peuvent être abordés en toute liberté sans être accusé de faire partie de tel ou tel clan. Lors ce cette rencontre, il a, à maintes fois, répété : «J'aime l'Algérie, j'aime mon pays. Mais je suis aussi sévère envers mon pays lorsqu'il commet des atrocités.» Relancé encore une fois sur le fait que ses romans contribuent à faire le jeu des services français en étant plus sévère avec l'Algérie qu'avec la France, l'auteur conclut avec assurance : «Mon livre n'est pas tendre envers les Français. Dans ce roman, il y a deux personnages centraux, un maquisard qui va se trouver à Melouza et un Français qui est un soldat du DOP [département opérationnel de protection, ndlr], instrument de torture en Algérie. Et dans le livre, la manière dont la DOP torturait les gens était décrite avec une extrême précision. Il n'y a aucune complaisance envers l'armée coloniale française. Il est même dit dans le livre que seuls ceux qui ont l'esclave dans la tête peuvent être contre la libération de l'Algérie.»