Photo : Riad Par Mekioussa Chekir «Les promesses de Novembre n'ont pas été tenues ! […] Le 1er Novembre est un jour de commémoration cher pour nous, un carrefour où se sont rencontrés tous les combattants qui se sont sacrifiés pour une Algérie libre et démocratique. Le 1er Novembre nous inspire un sentiment de fierté mais les citoyens algériens qui évaluent tous ces combats ne peuvent s'empêchent d'en ressentir un pincement au cœur !». C'est en ces termes qu'a entamé hier le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, son discours prononcé à l'occasion de la commémoration du 47e anniversaire du déclenchement de la révolution, le 1er novembre 1954. Une halte qui se voulait aussi symbolique que la stèle érigée pour la circonstance au siège national du parti à Alger, frappée d'une citation du chef historique du FFS, Hocine Aït Ahmed, dans laquelle il déclare aux militants de celui-ci : «Pour un observateur initié, pour vous, c'est un miracle que le FFS est encore là. Ce miracle vous l'avez construit, petit à petit, pierre après pierre, comme un temple de la démocratie…». A l'adresse de la nombreuse assistance conviée à la cérémonie de recueillement, composée des membres du bureau national, du secrétariat national, des élus et autres anciens moudjahidine, Karim Tabbou dira dans sa déclaration : «Pour nous, que ce soit les militants de Novembre ou les militants de 1963, le combat est le même. Leur engagement se situe dans le droit fil du combat millénaire des femmes et des hommes de ce pays pour leur liberté.» L'intervenant estime que cette date saillante et décisive de notre histoire devrait être une opportunité pour «restituer l'histoire au peuple» car, dira-t-il, le 1er Novembre «appartient à tous les Algériens» et qu'il n'est l'exclusivité ni du pouvoir ni d'une quelconque région, caste ou clan. Si le 1er Novembre a «dépassé toutes ses limites, ajoute Tabbou, il n'en demeure pas moins que toutes ses «promesses n'ont pas été tenues», en ce sens que beaucoup reste encore à faire pour que les Algériens recouvrent véritablement toute leur dignité et liberté : «Nous sommes libres de toute occupation étrangère, mais nous ne sommes pas encore libérés de nos atavismes, de nos archaïsmes. Notre lutte pour l'autodétermination individuelle et collective n'a pas encore abouti. Le régime policier érigé après l'indépendance constitue l'obstacle principal pour une transition pacifique vers la construction d'un Etat démocratique et social.» Tout en rappelant ce contexte historique qui a conduit le FFS à se réapproprier le combat de Novembre, Tabbou a tenu à affirmer que le parti n‘a «jamais voulu l'affrontement fratricide entre Algériens» mais qu'il a été contraint à défendre «la vie et la dignité» de ses militants pour faire du FFS la seule «seule organisation capable de s'opposer au régime policier qui se mettait en place». 47 ans plus tard, regrette l'orateur, le pays ne connaît toujours pas de vie publique : syndicalistes, militants associatifs, journalistes… sont persécutés ou emprisonnés pour leurs activités politiques au moment où la jeunesse algérienne, désabusée et défaitiste, aspire à vivre et non plus à survivre. «Aujourd'hui comme hier, les Algériennes et les Algériens ne veulent pas, ne veulent plus que quiconque décide de leur vie au-dessus de leurs têtes», conclut-il. Comptant parmi les fondateurs du FFS et ancien moudjahid pendant la guerre de libération nationale, Lakhdar Bouregaa a été convié à apporter sa propre appréciation de l'événement. Après un bref aperçu de ce que représente à ses yeux la symbolique du 1er Novembre, il conviera la jeunesse algérienne à ne pas baisser les bras et à «bouger» pour changer sa destinée. Abordant l'Algérie d'aujourd'hui, l'intervenant a condamné les «crimes économiques» qui minent les richesses et les biens de notre pays et qui nuisent à son image de marque. Face à cette situation, l'ancien moudjahid plaide pour que les responsables de la corruption soient jugés pour «dilapidation de l'argent du peuple». Tout en rappelant que la démocratie a été «arrachée et non pas donnée» dans notre pays, ce dernier regrettera que l'esprit de Novembre n'ait pas abouti en raison de l'absence de justice sociale et d'espoir chez la population.