De notre envoyée spéciale à Boston Amel Bouakba La recherche en matière de lutte contre les hépatites virales avance à pas de géant. Améliorer la prise en charge des malades porteurs du virus et trouver des traitements de plus en plus efficaces sont des soucis majeurs des chercheurs et des laboratoires pharmaceutiques. Le 60e congrès annuel d'hépatologie est un rendez-vous unique, très attendu par les spécialistes et l'ensemble de la communauté scientifique pour dévoiler toutes les nouveautés sur l'hépatologie. Organisé du 31 octobre au 3 novembre 2009, par l'ASSLD, l'American Association for the Study of Liver ou l'Association américaine pour l'étude du foie, cette rencontre de haut a réuni 7 000 participants, venus des quatre coins du monde. L'Algérie a pris part à cette manifestation avec une délégation composée d'une vingtaine de médecins et d'éminents professeurs, comme le professeur Nabil Debzi et Saadi Berkane, ainsi que des spécialistes venus des différentes wilayas du pays, le président de SOS hépatites Algérie et des représentants de Roche Algérie. Des sommités mondiales sont également présentes comme l'hépatologue français de renom, Patrick Marcellin, expert international dans le domaine des hépatites virales, et l'Américain Michael Fried, professeur de médecine, University of North Carolina at Chapel Hill. Des symposiums intéressants ont été organisés à cette occasion. L'espoir d'améliorer la prise en charge des malades souffrant d'hépatite est immense. Les traitements progressent et de nouvelles études montrent qu'une combinaison de traitements pourrait entraîner une efficacité antivirale supérieure, et moins d'effets secondaires, notamment dans le cas de l'hépatite C. Les associations de malades, de plus en plus puissantes, ne ratent pas ce rendez-vous immensément important et veulent se faire entendre. L'Alliance mondiale de l'hépatite est l'association phare des malades atteints du virus. Son président, le Britannique Charles Gore, qui s'est déjà rendu dernièrement en Algérie, profite du congrès pour exposer sa nouvelle stratégie. L'Alliance mondiale de l'hépatite mène une guerre effrénée pour faire valoir les droits des malades à travers le monde et amener les leaders mondiaux de la santé à faire avancer la recherche. L'objectif est aussi et surtout de faire pression sur l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour reconnaître l'hépatite au même titre que le sida ou la tuberculose. «L'année 2010 sera celle de l'hépatite», nous dira Charles Gore. Le congrès de l ASSLD a été une opportunité pour donner le coup d'envoi d'une campagne d information et de sensibilisation partout dans le monde, avec comme thème, «Ce sont des hépatites», et en reprenant le slogan, «Suis-je le numéro 12 ?». Il a expliqué que la question de l'hépatite devait être discutée lors de la 62e Assemblée mondiale de la santé de Genève le 18 mai 2009, mais que celle-ci a été raccourcie en raison des efforts mondiaux requis pour combattre la grippe souche H1N1. L'Assemblée mondiale de la santé a ajourné la discussion d'une résolution de l'Organisation mondiale de la santé relative à l'hépatite virale, l'un des plus graves problèmes de santé à l'échelle mondiale pour 2010. Charles Gore a lancé, à partir de Boston, un appel aux gouvernements du monde entier pour ne pas oublier la détresse des 500 millions de personnes atteintes d'hépatites B et C. Selon lui, les leaders mondiaux de la santé ne peuvent plus se permettre d'ignorer davantage l'hépatite B et C. Il dira que l'hépatite virale n'a jamais été correctement traitée à l'échelle mondiale et les conséquences sont désastreuses, dira-t-il. Il fera part de la perspective de travailler avec le conseil de direction de l'organisation onusienne et les gouvernements du monde entier en vue de garantir le passage d'une résolution, en 2010, et l'adoption d'une stratégie complète et coordonnée avant d'enregistrer la mort d'un nouveau million de personnes. Les hépatites virales chroniques B et C touchent une personne sur 12 dans le monde et près d'une personne meurt toutes les 30 secondes. Cela qui signifie qu'un million de personnes vont mourir avant la prochaine réunion de l'Assemblée mondiale de la santé en 2010. L'Alliance mondiale de l'hépatite appelle à fédérer les actions afin d'agir ensemble pour améliorer la sensibilisation, le diagnostic, la prévention, le traitement et la prise en charge de l'hépatite. «Une maladie qui représente un sérieux problème de santé publique en Algérie», nous dira Abdelhamid Bouallag, président SOS hépatites Algérie et représentant Afrique et Moyen-Orient. En Algérie, l'hépatite C touche officiellement 320 000 personnes, soit 1% de la population alors que 2,8% des Algériens sont affectés par l'hépatite B. Les associations de malades tentent de sensibiliser le maximum de personnes sur cette maladie silencieuse. Bien que le taux de prévalence de l'hépatite soit beaucoup plus élevée que celui du VIH ou d'un cancer quelconque, la sensibilisation demeure particulièrement faible, et la majorité des personnes touchées ne sont pas conscientes de leur état, qui peut s'aggraver et évoluer vers une cirrhose ou un cancer. Face à la propagation alarmante de la maladie, le renforcement des actions de prévention s'impose plus que jamais, notamment en milieu hospitalier et dans les structures sanitaires et les cabinets dentaires, qui, selon une récente enquête, seraient responsables de près de 70% des cas de contamination par les hépatites B et C en Algérie.