De notre envoyée spéciale à Boston Amel Bouakba Le traitement des hépatites virales évolue, donnant de l'espoir à des millions de malades de par le monde. Le 60e congrès américain d'hépatologie, de l'Americain Association for the Study of Liver Disease (AASLD), tenu la semaine dernière dans la ville de Boston, Etat du Massachussets, aux Etats–Unis, a permis de passer en revue les dernières études pour lutter contre les hépatites virales, lesquelles causent chaque année la mort d'un million et demi de personnes dans le monde. Selon le président de l'AASLD, le professeur Scott Freidman, ce congrès a permis d'exposer les toutes récentes études sur les nouvelles approches thérapeutiques réalisées sur des patients dans les différents pays. Selon lui, 2 000 abstracts ont été présentés cette année et plus de 7 000 chercheurs issus de 55 pays ont pris part à cet événement mondial. Une délégation composée d'une vingtaine d'hépatologues et d'infectiologues algériens, dont le professeur Nabil Debzi et Saadi Berkane, a pris part au congrès, ainsi que des représentants de Roche Algérie. Les innovations thérapeutiques, de l'espoir pour les malades Plusieurs laboratoires pharmaceutiques ont pu présenter leurs dernières innovations thérapeutiques et études testant l'effet de la thérapie combinée, à l'image du laboratoire Roche. Cette firme pharmaceutique a organisé lors de cette manifestation scientifique de haut niveau deux symposiums durant lesquels les dernières études réalisées sur les nouveaux résultats en matière de traitement de l'hépatite B et de l'hépatite C avec le Pégasys et son association avec d'autres innovations thérapeutiques ont été exposées. Les traitements permettent d'augmenter de façon significative le taux de réponse virologique prolongée mais aussi d'améliorer la qualité de vie du patient et de réduire les effets secondaires et le coût économique. Ainsi, pour ce qui est de l'hépatite C, 8 études ont été présentées au cours du 60e congrès de l'AASLD de Boston par l'institution médicale Cockrane, reconnue par les autorités sanitaires mondiales et les gouvernements de par le monde pour son indépendance totale et sa crédibilité scientifique. Ces études, celle du professeur Ascione et Colombo notamment, ainsi que l'étude Ideal qui porte sur l'Interféron Pégylé alpha2A, en comparaison avec le Pegintron ont démontré la supériorité du Pegasys, en donnant 10% de réponse de plus chez les patients que le Pegintron pour ce qui est de la réponse virale soutenue (RVS). D'autre part, l'étude Inform révèle que le patient peut être libéré de l'Interféron et de la Ribavirine. Cette étude, qui est encore au stade expérimental mené par Roche sur le Pegasys combiné en même temps avec des inhibiteurs–polymérase et des inhibiteurs de protéases met en exergue la possibilité de libérer le patient du traitement de l'Interféron et de la Ribavirine en comptant seulement sur les inhibiteurs cités, ce qui est considéré comme une réelle innovation pour les laboratoires Roche. Le professeur Saadi Berkane nous explique que ces traitements sont destinés aux malades qui ne répondent pas au traitement classique, (bithérapie Interferon-Ribavirine). Cependant, comme il nous l'indique, ces traitements sont encore à l'essai et ne seront disponibles que d'ici à 2011. S'agissant de l'hépatite B, d'après une étude dirigée par le professeur Marcellin, le Pegasys assure une augmentation du contrôle immunitaire sur le virus de l'hépatite B. Ainsi, selon cet imminent hépatologue, l'antigène HBS disparaît de l'organisme. Ce contrôle continu, selon l'observation des patients, a duré cinq ans après l'arrêt du traitement. Cette observation des patients continue encore afin de connaître les effets du traitement avec le Pegasys (Interféron Pegylé Alpha 2 A) sur le long terme (plus de cinq ans). «Par conséquent, et contrairement aux anti-viraux dont le traitement doit se poursuivre toute la vie avec le risque de résistance au bout de quelques années, le traitement avec le Pegasys s'arrête au bout d'une année avec les résultats sur le long terme.» Par ailleurs, selon le New England Journal of Medicine, 42% des patients suivis dans le cadre d'une étude peuvent obtenir une seroconversion complète au bout d'une année après l'arrêt du traitement : aussi est-il démontré avec le temps que non seulement l'antigène HBE est éliminé par l'organisme mais que ce dernier développe des anticorps antigène HBE qui favorisent la guérison totale du patient. Le 60e congrès de l'AASLD de Boston a été également une formidable opportunité pour les groupes de patients venus se faire entendre. C'est un véritable cri d'alarme qu'a lancé, à partir de Boston, Charles Gore, président de l'Alliance mondiale des hépatites (World Hepatitis Alliance). «Les hépatites chroniques B et C sont 15 fois plus répandues que le sida, a-t-il alerté en substance dans une interview que nous publierons en intégralité la semaine prochaine. L'Alliance mondiale des hépatites lance une campagne inédite pour sensibiliser et informer sur ce mal qui ronge la planète. L'ONG mondiale tient à chaque fois à mettre en évidence cette statistique choquante : «Une personne sur 12 dans le monde est atteinte d'hépatite B chronique ou d'hépatite C chronique», ce qui renseigne sur l'ampleur de cette épidémie mondiale qui tue une personne toutes les 30 secondes. «Avec 500 millions de personnes infectées dans le monde, les hépatites virales doivent bénéficier d'une attention équivalente aux autres maladies virales, comme le sida, la tuberculose et le paludisme», a souligné le président de l'ONG Alliance hépatite mondiale. Selon lui, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne doit plus continuer à ignorer ces pathologies meurtrières qui font chaque année un million de morts dans le monde. Il en est de même pour les gouvernements des différents pays appelés à développer des stratégies sérieuses pour freiner ces maladies virales qui peuvent évoluer vers la cirrhose ou le cancer du foie. «Il y a un manque sérieux d'attention et de volonté politique de prendre en charge ces maladies dangereuses», a encore regretté Charles Gore. Il a exprimé son souhait de voir la prochaine réunion de l'assemblée mondiale de la santé en 2010 adopter une résolution sur les hépatites. Entre 12 et 15 millions d'Egyptiens infectés par le virus C L'ONG mondiale mène une campagne effrénée sur les hépatites virales et exhorte l'OMS à se pencher sérieusement sur le danger que constituent ces maladies dans le monde. L'Alliance mondiale des hépatites a choisi le 19 mai de chaque année pour célébrer la Journée mondiale des hépatites. La première journée a été organisée en 2008. L'Alliance mondiale des hépatites regroupe 200 groupes de patients de plus de 50 pays. SOS Hépatites Algérie fait partie des associations actives. Son président Abdelhamid Bouallag, représente également l'Afrique et le Moyen-Orient. Il a plaidé à Boston pour un meilleur accès des traitements au profit des pays africains et des pays en développement. Il a, dans ce sens, mis l'accent sur la nécessité d'améliorer la sensibilisation, le diagnostic, la prévention, le traitement et la prise en charge de l'hépatite. En Algérie, l'hépatite C touche officiellement 320 000 personnes, soit 1% de la population, alors que 2,8% des Algériens sont infectés par l'hépatite B. Il faut dire que les pays africains sont massivement touchés par ces virus. «Un travail de prévention s'avère aujourd'hui plus que nécessaire si l'on veut lutter contre ces pathologies», estime M. Abdelhamid Bouallag. «Les pays africains sont massivement touchés par les hépatites virales. Charles Gore nous décrit une situation chaotique en Egypte où 12 à 15 millions de personnes sont infectés par le virus C», révèle-t-il (affaire du sang contaminé durant les années Sadate). Au Nigeria, la situation n'est guère meilleure. Dans ce pays africain, 17 millions de personnes sont contaminées par les virus B et C. Dans ces pays, l'accès au traitement se pose avec acuité. Le président de l'ONG mondiale juge qu'il est urgent de mettre en place dans chaque pays une stratégie pour stopper l'évolution de ces maladies qui font chaque jour de nouvelles victimes.