De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Cela fait longtemps que la ville d'Oran a rompu de manière violente avec ses repères et son histoire millénaire. La clochardisation et la ruralisation de la gestion de la ville ont produit des effets néfastes sur la ville et son mode de vie. Fort heureusement, quelques associations d'élite ont continué à maintenir ce cordon ombilical avec l'histoire et ses repères partout dans la ville et à l'échelle de la wilaya même. C'est le cas du fameux fort Santa-Cruz, perché sur les hauteurs du mont Aïdour comme s'il veillait sur la ville et ses habitants. Malheureusement, sa restauration est à l'arrêt depuis plus d'une année faute d'experts et de superviseurs à même de contrôler les travaux. Les erreurs graves commises par la direction de la culture dans la gestion de ce dossier n'ont pas été suffisantes pour le ministère de la Culture pour prendre les mesures qui s'imposent. Le fort de Santa-Cruz reste piégé entre l'incurie des responsables et les effets pervers du temps. Juste en bas du fort, gît le château de la Vierge, avec sa majestueuse statue blanchâtre, noircie par l'érosion et l'abandon. Le pavé de la cour de cette chapelle s'est écartelé et les murs se sont fissurés de bout en bout. Les actes de vandalisme sont là, également, pour nous rappeler le laxisme béant et l'incivisme des uns et des autres. L'histoire d'Oran remonte dans le temps et les âges jusqu'en 900 avant J.-C., s'accordent à dire les éminents chercheurs et historiens. La ville regorge de monuments et de statues retraçant le passage des civilisations et des forces d'occupation. Dans le temps, les grandes portes rustiques qui ornaient les façades de la ville faisaient la fierté des habitants. Aujourd'hui, ces enseignes de l'histoire et d'autres effets encore ont disparu du décor général. Il y a quelques années, notre journal s'est fait l'écho d'un trafic à grande échelle concernant les statues des halls d'entrée des immeubles. En bronze, en plâtre décoré et d'autres matériaux, ces statuettes plantées sur la rampe d'escalier représentaient, parfois, des divinités, des images anciennes et autres personnages. Leurs vols ont permis aux brocanteurs de la région de Chteïbo et même de la ville de faire des recettes miraculeuses et inespérées. Aussi, des peintures et des dessins sublimes dressés sur les murs, les entrées et les plafonds des immeubles ont été remplacés par de la peinture fade. Dans ce vaste gâchis où la régulation était absente et où le contrôle n'a pas suivi, une sorte de préservation sélective s'est produite à travers le temps. Certains responsables et mêmes des citoyens ont fermé l'œil sur cette gabegie organisée sous prétexte que cet héritage et ce patrimoine universel ne représentent pas et ne font pas partie de notre culture et de notre religion. D'où cette frénésie qui avait touché les croix et les symboles religieux présents sur les édifices historiques de la ville. Du coup, cette dernière perd une grande partie de ses touches d'esthétisme. Une ou deux statues restent intactes parce qu'elles sont situées à côté d'une caserne de la gendarmerie ou devant le siège de la mairie. Oran disposait d'un patrimoine historique extraordinaire. Les grottes troglodytes où des traces d'origine néolithique ont été trouvées entre 1880 et 1890 par l'archéologue français Paul Pallary ont-elles aussi disparu dans la région de Misserghine. L'exemple le plus frappant nous vient du palais du Bey qui a vu l'édification néfaste d'une construction outrageante sur ses servitudes. C'est le cas également de la majestueuse porte Caravansérail qui ornait le jardin magnifique de la promenade de l'étang, emportée par les vents et le vandalisme ambiant. Longtemps, ce jardin d'une beauté extraordinaire, suspendu sur les hauteurs de la ville avec une vue sublime sur le port, était abandonné à la délinquance. Aujourd'hui, le travail des associations et de certains nouveaux élus a donné ses fruits et le jardin est progressivement réhabilité au grand bonheur des familles qui renouent avec cet espace idyllique. La ville déplore également l'état actuel de ses zaouias, abandonnées et laissées à l'érosion. Ces mêmes zaouias avaient fait l'objet d'un acharnement du colonisateur à travers l'histoire, où des historiens rapportent comment des campagnes de destruction et de saccage de lieux de cultes étaient perpétrés dans ces endroits pour punir les habitants et les populations réticentes qui peuplaient cette belle contrée. A Sidi El Houari, ancien quartier de la ville et témoin de son histoire multiséculaire, des sites et des monuments véritables repères de la mémoire collective disparaissent chaque jour davantage.Les vestiges des Carthaginois dans la région de Madegh et celles des omains, à travers les vestiges de Portus Magnus à Béthioua et Portus Divini à Mers El Kébir et Oran sont livrés au travail érosif de la nature. Ainsi, se traite le patrimoine historique à Oran en atte dant une solution.