De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Alors que les dernières années ont démontré tout l'engouement que les sites patrimoniaux oranais suscitent auprès des visiteurs nationaux et étrangers, aucune démarche ne semble avoir été prise par les autorités concernées pour mettre en place une stratégie afin de, à la fois, mettre en valeur ce potentiel touristique et l'exploiter pour le bien du développement local. Hormis l'implication de deux associations locales qui militent pour la préservation du patrimoine (on leur doit notamment la restauration et la sécurisation de certains sites historiques, la formation de guides patrimoniaux, l'organisation régulière de sorties et de randonnées …), ni la mairie et encore moins la direction de la culture n'ont encore affiché une réelle détermination à prendre en main un secteur qui peut être extrêmement rentable pour la cité. Pourtant, nous l'avons vu à de nombreuses occasions, les visiteurs algériens ou étrangers sont demandeurs de ce genre de tourisme : les derniers en date sont des congressistes du GNL16 qui ont pris part, mardi après-midi, à une randonnée touristique à travers la ville. Selon les organisateurs, des guides formés pour l'occasion ont mené ces visiteurs depuis la gare maritime du port d'Oran jusqu'au plateau de Sidi Abdelkader El Djilani en passant par la promenade de Létang, les donjons mérinides, la place Kléber, l'ancienne préfecture, la porte de Canastel, les bains turcs, l'hôpital Baudens, la mosquée de la Perle, l'église Saint Louis, le Castillo Viejo et l'Eglise de Notre-Dame du Salut, Santa Cruz..., quelques sites historiques, illustres témoins des passages successifs des Espagnols, des Turcs et des Français. Plus de temps et une autre organisation auraient permis aux mêmes visiteurs de prendre connaissance de nombreux autres vestiges de l'histoire millénaire d'Oran : les grottes du paléolithique et du néolithique de Kouchet El Djir et d'Eckmühl, les sites de l'Antiquité situant la présence romaine dans la région de Bethioua (ruines de Portus Magnus, par exemple), les vestiges de la civilisation punique près des Andalouses, les mosquées, les églises et des milliers d'autres petits détails intéressant les esprits curieux ou passionnés d'histoire. «L'architecture urbaine d'Oran a une valeur de patrimoine mondial», avait estimé un architecte espagnol lors du Festival de la culture espagnole, confirmant qu'Oran est «un véritable musée à ciel ouvert», comme l'ont maintes fois assuré les passionnés du patrimoine et de l'histoire de la région. Retombées économiques assurées Selon de nombreux spécialistes, une exploitation rationnelle de cet héritage historique aurait certainement des retombées économiques heureuses sur la ville ; ce que les autorités locales elles-mêmes reconnaissent volontiers (devant les caméras, elles peuvent même parfois être dithyrambiques) mais sans que cette conviction affichée se traduise en acte. «Depuis le temps qu'ils s'enorgueillissent de la qualité du patrimoine historique et de la nécessité de sa mise en valeur, les dirigeants oranais auraient déjà dû mettre en place une stratégie d'exploitation du tourisme culturel. Depuis 2002, des milliers de visiteurs sont venus à Oran et il en viendrait probablement encore beaucoup plus les prochaines années mais, hormis ceux formés par une association locale, il n'y a pas de guides certifiés, capables de prendre le visiteur par la main et de lui faire traverser l'histoire, pas un site Internet officiel de haute qualité dédié à promouvoir ses atouts patrimoniaux […] On ne peut pas dire qu'en en dix ans la promotion officielle du tourisme culturel oranais ait évolué», estime un acteur du mouvement associatif. Ce qui est réellement regrettable pour une cité qui, à l'occasion du GNL16 finissant, a consenti énormément d'efforts et d'argent pour offrir à ses visiteurs un visage avenant qui accueille quelques millions de touristes estivaux. Rappelons que, pour l'horizon 2020, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) prévoit quelque 1,5 milliard de touristes dans le monde et que le tourisme culturel gagne en importance.