Chaleurs inhabituelles, pluies diluviennes, sécheresses répétées, inondations fréquentes, etc., la liste des troubles climatiques dont est victime régulièrement notre pays est encore longue. A ce sujet, le diagnostic des climatologues est sans appel : l'Algérie est bel et bien au cœur de la tourmente climatique. Réunis le temps d'une journée d'étude organisée au Conseil de la nation, les experts de l'Agence nationale des changements climatiques (ANCC) ont lancé hier un véritable SOS aux responsables politiques afin qu'ils prennent la mesure des conséquences dangereuses sur la vie quotidienne de nos concitoyens qu'occasionneront à l'avenir les mutations climatiques.A ce titre, le professeur Mohamed Senouci, de l'Institut hydrométéorologique de recherche d'Oran, souligne que les changements climatiques constituent désormais une menace pour l'avenir de notre pays. Selon lui, l'Algérie se trouve dans une situation géographique, le nord de l'Afrique et le Bassin méditerranéen, très exposée aux changements climatiques. De ce fait, «elle doit faire un examen approfondi des conséquences des changements climatiques sur sa trajectoire de développement», relève-t-il. Dans ce sens, des réformes institutionnelles sont nécessaires pour établir une stratégie nationale en bonne et due forme. Et il est encore plus urgent que cette stratégie, notent les experts participant à cette journée, soit mise en place dans les plus brefs délais. Et pour cause, d'ici à 2025, l'Algérie connaîtra une baisse significative des écoulements d'eau de l'ordre de 10%. Une évapotranspiration conduisant à une augmentation de la salinité des eaux est également prévue. Mais le pire est à craindre concernant les nappes phréatiques qui baisseront conséquemment avec des risques de salinisation pour les nappes côtières. La sécheresse est l'autre menace à laquelle il faut se préparer dès maintenant. Pour parer à tous les dangers, le docteur Moulay Idriss Hassani, enseignant à l'université d'Oran, recommande aux sénateurs des stratégies plus affinées dans l'utilisation parcimonieuse de l'eau, la rationalisation de la gestion des eaux à l'échelle des bassins, les transferts d'eau interrégionaux, les techniques culturales faibles consommatrices d'eau, etc. Pour lui, l'adaptation au changement climatique ne doit surtout pas être faite en concurrence avec la gestion de l'eau. Il convient de signaler que l'agriculture est l'autre secteur qui sera durement touché par l'ampleur dramatique des changements climatiques. Les experts de l'ANCC prévoient à ce propos une réduction du rendement des céréales, pouvant atteindre les 50% d'ici à 2020. Une érosion plus forte avec une grande dégradation des sols et une réduction de la durée des cycles végétatifs des cultures frapperont de plein fouet notre agriculture dans les années à venir. C'est dire donc que le danger n'est pas dérisoire. Reste à savoir si nos dirigeants sauront être à la hauteur des enjeux de l'avenir… A. S.