Dans quelques jours sera célébrée la Journée mondiale de la météorologie. Les caprices du climat ont été ravageurs ces derniers mois à travers le monde et ses conséquences bien lourdes avec à chaque fois leur lot de victimes et de sans-abri. C'est pourquoi la priorité est donnée aux informations climatologiques et météorologiques. Les prévisions s'avèrent être un moyen efficace pour garantir le développement durable. L'anticipation est de trois mois, indiquent les météorologues de l'Office national de la météorologie. La pollution, l'augmentation à l'échelle mondiale de la population urbaine, les cataclysmes et phénomènes climatiques de plus en plus fréquents ne sont pas sans conséquences sur l'économie mondiale et n'affectent pas moins le temps et le climat. D'où le thème retenu cette année pour la commémoration de l'entrée en vigueur en 1950 de la convention qui a institué l'Organisation météorologique mondiale (OMM). “Le temps, le climat, l'eau et le développement durable”. Le développement de la météorologie a favorisé l'émergence des sciences météo-climatiques et des différentes technologies permettant de protéger les biens et les personnes de plus en plus exposés aux risques climatiques. L'influence du temps, du climat et de l'eau sur les activités économiques, mais également humaines précarise l'économie à l'échelle mondiale, notamment celle des pays émergents de plus en plus vulnérables face aux cataclysmes. L'intérêt porté par l'Organisation des Nations unies à cette science dénote la nécessité d'une stratégie mondiale efficiente, mais surtout en faveur du développement social et de l'environnement. “Les progrès accomplis en ce qui concerne l'observation à distance à l'aide de radars, de satellites et autres moyens de surveillance, le traitement des données et les communications ont permis de renforcer considérablement la compréhension scientifique des processus dynamiques et physiques qui se produisent dans l'atmosphère et les océans et de leurs interactions avec les autres composantes du système terrestre. Ces progrès ont débouché sur une amélioration sans précédent de la qualité et de l'exactitude des prévisions et des alertes météorologiques. Il est désormais possible d'établir des prévisions météorologiques déterministes sept à dix jours à l'avance dans les régions extratropicales et trois à quatre jours à l'avance dans les régions tropicales.” Le réchauffement climatique reste néanmoins une préoccupation de taille du fait des facteurs anthropiques. Mais encore. La récurrence des phénomènes météorologiques devenus plus fréquents et plus violents ne rend pas les choses aisées. La menace est bien réelle : tempêtes, inondations, sécheresse et violentes intempéries, vagues de froid et de chaleur n'épargnent aucune région du monde et rend de plus en plus problématique le développement durable. En Algérie, la prévision météorologique saisonnière est un axe priorisé et a entre autres comme avantage la gestion et la planification de tous les secteurs, en particulier l'assistance météorologique à l'agriculture pour la phase semis, labours — à titre d'exemple — et le secteur de l'hydraulique pour pallier la sécheresse et quant à la disponibilité des ressources hydriques (remplissage et vidage des barrages). Ce sont, en somme, des prévissions qualitatives qui concrétisent le projet Massifa, selon M. Boucherf, directeur de la climatologie au niveau de l'Office national de la météorologie. Se donner le temps de faire face aux éventuels cataclysmes est le défi à relever par les climatologues confrontés à des hivers de plus en plus rudes et meurtriers. Ce fut le cas il y a encore quelques jours en France après le passage de la tempête Xynthia ayant entraîné la mort de pas moins d'une cinquantaine de personnes. À la question de savoir si l'Algérie est à l'abri de ce type de phénomène, notre interlocuteur a précisé que ce genre de tempête affecte plus facilement les régions dites tempérées. “En Algérie, la survenance de ce type de tempête n'est néanmoins pas à exclure. C'est ce qui s'est passé en 2001 à Bab El-Oued (267 mm enregistrés à Bab El-Oued contre 30 mm à Dar El-Beïda) et en 1980 à Oran. Dans le contexte du réchauffement climatique, il faut s'attendre à ce genre de phénomène extrême.” Et d'ajouter : “Dans le dernier rapport du GIEC, il est mis en relief la récurrence de ces phénomènes météo et la nécessité de mise en place d'un système d'adaptation à ces phénomènes extrêmes, notamment les sécheresses. Après Bab El-Oued 2001, ce programme a été élargi à toutes les régions côtières. Dans le contexte des changements climatiques globaux, nous ne sommes pas à l'abri.” Les inondations dans les zones côtières sont par ailleurs inhérentes à la pluviométrie, mais également du fait de la construction dans des zones inondables, comme par exemple à proximité de l'oued El-Harrach. L'emplacement des villes par rapport au niveau de la mer n'est pas en reste. Le cas de la ville de Ténès est éloquent. La nouvelle ville, contrairement à l'ancienne, est trop proche de la plage et à proximité de l'oued. Le risque d'inondation est réel. Selon M. Boucherf, même si le risque est minimum — nous n'avons pas de façade sur l'océan —, il n'empêche que “de fortes tempêtes des régions modérées ont tendance à s'amplifier, voire à survenir au regard de l'effet enographique — effet de montagnes — et de l'échappement de la vapeur d'eau”. Comment s'adapter à ces nouveaux phénomènes aux conséquences encore inconnues et qui menacent aussi bien les villes du littoral que celles de l'intérieur du pays ? Ne pas construire dans les zones inondables et établir une cartographie de toutes les zones vulnérables se présentent d'emblée comme des solutions à privilégier. Des projets-pilotes ont été en outre menés, apprend-on, à Sidi Bel-Abbès et à Batna. La récurrence de ces phénomènes dont on ignore encore les conséquences fait dire aux climatologues que la situation vécue en 2007, 2008 et 2009 dans les Hauts-Plateaux donne un aperçu concret. “En 2007, nous avons vécu une situation exceptionnelle, dont le temps de retour est en principe de 100 ans. Or, la même situation a été vécue en 2008 et en 2009 !” L'introduction de l'information météorologique et climatologique dans tous les systèmes de planification et de gestion est impérative aujourd'hui, voire incontournable, conclut M. Boucherf.