Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi Les mesures contenues dans le cadre de la loi de finances complémentaire ont été décriées par bon nombre d'opérateurs économiques. C'était, en effet, une levée de boucliers face à une partie de ces mesures. Touchés de plein fouet, les concessionnaires automobiles étaient les premiers à réagir à cette situation qui ne leur était guère favorable. La suppression du crédit automobile ainsi que diverses taxes instituées ont été particulièrement dures à avaler. Et c'est peut être la goutte qui a fait déborder le vase. Certes, les choses se présentent différemment pour ces représentants de grands constructeurs automobiles dans le monde. Entre le risque de voir les ventes baisser et les pertes colossales qu'ils peuvent subir, les concessionnaires ont tenté, tant bien que mal, de faire un pressing dans l'optique de voir, du moins en partie, ces mesures supprimées. Mais, après l'adoption du gouvernement du projet de loi de finances 2010 en Conseil des ministres les choses deviennent claires. En ce sens que les orientations de la LFC 2009 ont été maintenues et même renforcées. Ainsi, faut-il le rappeler encore une fois, l'Algérie vient, à travers cette démarche, de franchir un pas crucial. Il suffit peut-être de mettre la lumière sur les développements ayant suivi ces mesures pour saisir la teneur de ces orientations. Pour ne citer que le secteur automobile, une série d'annonces a été faite quelques mois après la promulgation de la loi. Les concessionnaires, qui étaient auparavant dans l'expectative, ont compris le message. Ils ont même entamé des discussions pour amorcer une industrie automobile en Algérie. Des discussions sont aussi en cours entre des constructeurs et les pouvoirs publics dans le but de concrétiser des projets productifs dans ce segment. Un partenariat entre l'Algérie et des groupes étrangers pour le montage de véhicules est aussi en gestation. Bien que l'objectif et les visées de cette réorientation soient légitimes, il faut cependant garder les pieds sur terre. L'industrie automobile est complexe. Elle nécessite des sous-traitants, une main d'œuvre hautement qualifiée, une base industrielle moderne et des ressources énergétiques qui existent, heureusement, en abondance chez-nous. Et c'est pourquoi on privilégie, dans un premier temps, l'assemblage et le montage avant de passer à la fabrication locale. Donc, face à ce retard flagrant perçu dans ce secteur économique très rentable mais aussi très coûteux pour le budget de l'Etat en l'absence d'un produit local, la réaction du gouvernement, dans une conjoncture internationale favorable, est venue au moment opportun. Car, il ne faut pas oublier que la crise financière et économique a poussé de nombreux investisseurs dans le monde à se délocaliser. Ils sont nombreux en fait à chercher un refuge dans la sphère sud du globe, plus favorable à la production et moins risquée. Outre l'objectif de produire des véhicules localement, les pouvoirs publics ont également cherché à freiner le phénomène du surendettement qui ne bénéficie qu'aux importateurs et ce, au détriment d'un produit local, victime d'une culture de consommation dangereuse. Il faut dire dans ce sens qu'il est admis que la consommation est un des moteurs de la croissance, mais dans le cas algérien, force est de constater que c'est l'effet inverse qui s'est produit. Il n'est guère difficile de comprendre que cette consommation bénéficie en premier lieu à d'autres économies et, par ricochet, l'appareil productif national n'a fait que subir les foudres de cette libéralisation à outrance. Donc, il était temps…