Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé hier la bonne santé financière de l'Algérie. Mieux, l'institution de Bretton Woods a fait état d'une croissance hors hydrocarbures qui dépasse de loin les prévisions faites récemment par certaines institutions nationales. Selon le chef de la mission du FMI, Joël Toujas-Bernaté, en visite en Algérie depuis deux semaines, la croissance hors hydrocarbures «devrait atteindre plus de 9% grâce à des récoltes céréalières exceptionnelles et à une bonne performance des secteurs tirés par le programme d'investissements publics (PIP)». «Cependant, la réduction sensible de la production des hydrocarbures devrait réduire le taux de croissance du PIB global à environ 2%», a estimé M. Toujas-Bernaté. En fait, la croissance pour ce secteur devrait s'établir entre - 6 et -7%, cette année, et ce, en raison «du blocage d'une partie des exportations à cause de l'endommagement du gazoduc transportant le gaz vers l'Italie». Le conférencier prévoit un renversement de la situation pour l'année prochaine. Dans le même ordre d'idée, il dira que le secteur des hydrocarbures devrait connaître une amélioration de son activité en 2010 grâce à la reprise de la croissance mondiale et pourrait contribuer positivement à la croissance globale pour la première fois depuis des années. Ainsi, le FMI a prévu un prix du baril de pétrole avoisinant les 76 dollars. Bien que ces prévisions soient optimistes, un déficit budgétaire est annoncé pour l'année en cours. Selon les explications de M. Toujas-Bernaté, la position budgétaire a été fortement affectée par la chute des recettes des hydrocarbures tandis que le niveau des dépenses demeure élevé. En conséquence, «l'Algérie enregistrera cette année son premier déficit budgétaire de la décennie qui pourrait atteindre 8,4% du PIB contre un surplus de 8,1% en 2008». «Le solde courant a fortement baissé en raison de la baisse des prix des hydrocarbures et d'importations élevées», a-t-il appuyé.Et c'est dans cette logique qu'il préconisera «la maîtrise et le ciblage des dépenses». «Après une phase d'accumulation de ressources dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) au cours des dernières années, il est maintenant justifié d'utiliser ces ressources pour financer le PIP qui dynamise le secteur hors hydrocarbures et préserve ainsi l'emploi, et dont le volet infrastructure contribuera potentiellement à améliorer à moyen ou long terme la capacité productive de l'économie algérienne», souligne-t-il. Néanmoins, fait-il remarquer, dans le but de «réorienter la politique budgétaire vers une trajectoire de viabilité à long terme des finances publiques, il serait indiqué d'affiner les règles gouvernant le financement des dépenses budgétaires par les ressources hydrocarbures et de rationaliser davantage les dépenses publiques et poursuivre la mobilisation des recettes hors hydrocarbures». Il préconisera pour le même objectif «le contrôle des excès des liquidités et les pressions inflationnistes» tout en communiquant de manière plus large le but et les instruments de cette politique. Pour les responsables du FMI, le grand défi pour notre économie est d'élaborer «une stratégie bien orchestrée et concertée de mise en place de politiques favorisant l'émergence d'un secteur privé dynamique et compétitif». Les orientations du FMI relatives au cadre macroéconomique concernent aussi l'impact de certaines mesures de la loi de finances complémentaire qu'il faudra suivre de près et l'amélioration du climat des affaires. Par ailleurs, le représentant du FMI indique que «l'inflation est en hausse de 5,8% en raison d'une forte augmentation des prix des aliments frais. L'inflation hors aliments frais demeure faible (1,4%) grâce à une politique monétaire prudente, un soutien aux prix de certains produits alimentaires de base contenu élevé en importations publiques». Au sujet des réserves de changes, il a indiqué que «la position externe reste confortable avec des réserves de changes atteignant environ 146 milliards de dollars à fin septembre 2009». S. B Le FMI à propos de la LFC : «Nous ne sommes pas en mesure de porter un jugement» Interrogé hier sur l'impact des mesures de la loi de finances complémentaires, le représentant du FMI a indiqué qu'il est «trop tôt pour évaluer les répercussions. Nous ne sommes pas en mesure de porter un jugement», ajoutant que les effets se ressentiront à moyen et long terme. En revanche, évoquant la mesure des 51/49% relative aux investissements étrangers en Algérie, il a dit que ce n'est pas forcément une mesure qui semble aller dans le bon sens». En clair, il a expliqué que les motivations des pouvoirs publics pourraient faire face à des obstacles. Il cite pour exemple le secteur privé algérien qui, même en se constituant, en groupement d'entreprises, ne pourra pas participer à de grands projets d'investissement. Donc, il faudra faire appel aux partenaires publics qui peuvent participer aux côtés des étrangers, a-t-il conclu. En un mot, l'orateur a reconnu que «les objectifs de ces mesures sont légitimes», mais «c'est prématuré pour juger et il faudra donc attendre…».