Photo : Sahel Par Wafia Sifouane Pour cet automne, les arts, tous genres confondus, ont élu domicile au palais de la culture Moufdi Zakaria qui abrite deux expositions, le Salon de l'automne et le Salon national de l'innovation et de la créativité. Ce dernier rassemblant au niveau de deux salles un grand nombre d'artisans venus des quatre coins de l'Algérie pour dévoiler leurs produits. Parmi les exposants, on retrouve le jeune Boussahla Hafid qui a fait de la restauration des vieux meubles un métier. Dans son stand des coffres anciens, des objets usuels de cuivre et des meubles de rangement. «La récupération des meubles anciens est un art à part entière. Je fais de la restauration dans le but de faire ressortir la beauté de ces objets délaissés», dira le jeune artisan. A quelques mètres de lui, Tamazirt Ali, un vannier de profession exerçant à Boumerdès. «La vannerie est un art menacé en Algérie. Nous avons beaucoup de problèmes comme celui de l'acquisition de la matière première souvent importée d'Espagne alors qu'on peut cultiver l'osier chez nous», dira-t-il. «J'ai proposé aux autorités locales d'enseigner cet art aux jeunes mais hélas je ne possède toujours pas de local. Pourtant je me suis engagé personnellement à recruter trente jeunes», ajoute le vannier avec dépit. Parmi les autres arts présents, la broderie, la porcelaine, la dinanderie et la fabrication de cuir. On constatera que, malgré le grand potentiel existant, une vingtaine de stands seulement sont achalandés. Pis, pour un Salon d'innovation, cette appellation reste à confirmer. A voir les produits exposés, on ne trouve guère d'innovation ni de créativité, ou si peu… S'agissant des visiteurs, ils étaient rares lors de notre visite au salon. Les exposants sont là dans leurs stands à attendre l'hypothétique visiteur qui s'intéresserait aux objets qu'ils présentent. Rappelons que cette exposition est censée offrir aux artisans l'occasion de faire connaître leurs métiers et, surtout, de vendre leurs produits. Quant au Salon d'automne qui est consacré aux arts plastiques, il rassemble les œuvres de 45 artistes algériens. Mais au premier coup d'œil, on a l'impression de visiter une galerie d'art pour amateurs, en ce qui concerne nombre d'œuvres exposées du moins. Dans le pavillon vide, les visiteurs pourraient par exemple voir des photographies qui, vues par l'œil d'un professionnel, sont qualifiées de «ratées», ne respectant aucune règle de base (sujet centré, mauvais cadrage…). Seule photographie qui retient notre attention, celle intitulée «Espérance» qui donne l'image d'un vieux sans-abri allongé sur un banc public. Pour la peinture, la technique de peinture sur toile est la plus présente ; seule originalité, les tableaux de Gride Meriem réalisés avec la technique «mixte acrylique» et ceux de Boualem Samir qui a opté pour «peinture photos, composé en impressions». Ce dernier expose deux chefs-d'œuvre intitulés Ensonsuelle et Enflammure. La sculpture est aussi présente avec plusieurs œuvres originales. Mais les thèmes et sujets restent très communs, courants. Cependant, malgré les manques, les deux salons offrent une occasion d'évasion que les citoyens devraient saisir, surtout avec une semaine de vacances forcées pour les enfants qui font les frais de la grève des enseignants.