L'heure semble être à la protestation. Après le secteur de l'éducation, paralysé depuis dimanche dernier par une grève que ses initiateurs comptent, dans le cas où leurs doléances ne sont pas satisfaites, reconduire, c'est au tour du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) de monter au créneau, appelant à une grève de 15 jours (reconductible) à partir de dimanche prochain avec l'arrêt de toutes les activités pédagogiques. Par cette action, le CNES compte exprimer sa colère quant à la situation qu'il n'hésite pas à qualifier de catastrophique prévalant au sein de l'université Algérienne, de même qu'il vise à rappeler le non-respect des engagements de la tutelle et l'absence de volonté des pouvoirs publics à prendre en charge de manière effective les revendications des enseignants. Parmi ces dernières, le volet relatif au régime indemnitaire occupe assurément une part prépondérante. Il est demandé que ce dernier soit promulgué et qu'il soit applicable à partir du 1er Janvier 2008 (effet rétroactif). L'autre revendication du Conseil a trait à la lancinante question du logement. Il est demandé l'annulation de l'instruction abrogeant le transfert de bail des 3 000 logements, la régularisationde de la situation des enseignants ayant bénéficiés de logements type F1 et F2 ainsi que la remise des décisions de pré-affectation des logements aux enseignants bénéficiaires. S'agissant du volet gestion pédagogique, l'accent est mis sur l'application du nouveau statut particulier à travers la promulgation de l'ensemble de ses textes d'application, la transparence de la gestion des stages de courtes durées (à travers l'affichage public de la liste des bénéficiaires), la promulgation des deux décrets relatifs à la création d'une commission nationale indépendante d'évaluation de la gestion des universités sur les plans de la formation et de la gouvernance et d'une commission nationale indépendante d'évaluation de la recherche, la limitation des mandats des chefs d'établissements universitaires, l'application rigoureuse de la réglementation relative à l'évaluation pédagogique et scientifique à travers le respect des décisions souveraines des instances pédagogiques et scientifiques (jury de délibération, comités pédagogiques, comités et conseils scientifiques) ainsi que la révision de la composante et le fonctionnement des conseils d'administration. Autre point dénoncé par les grévistes : le harcèlement administratif dont font l'objet les enseignants. Il est surtout demandé que le recours à la justice (pour le règlement des conflits d'ordre pédagogique et administratifs) soit arrêté. Pour les enseignants chercheurs, il y a lieu de signaler que ces derniers regrettent le fait que depuis la promulgation de leur statut particulier en avril 2008 les promesses données dans le cadre des travaux de la commission mixte MESRS-CNES sur le régime indemnitaire sont restées sans suite. Pour eux, cet état de fait dénote du mépris existant vis-à-vis de l'enseignant et l'absence inquiétante de stratégie pour l'Université. Ils ne comprennent pas le fait qu'il faille attendre la promulgation de l'ensemble des statuts particuliers pour débloquer leur régime indemnitaire. D'aucuns relèvent qu'au moment où le premier magistrat du pays appelle les élites, notamment les enseignants du supérieur, à rentrer en Algérie, d'autres continuent à déserter l'université. B. L.