Le tour d'horizon, à travers les hôpitaux et les administrations publiques à Oran, laisse transparaître que la mobilisation peine sur le terrain. Les syndicats dits « autonomes » comptent surtout sur l'université, seul bastion de la contestation, pour observer la grève d'une journée qui est prévue aujourd'hui, initiée par l'intersyndicale de la fonction publique. La plupart du personnel médical rencontré au CHU, par exemple, affirme « ignorer complètement l'appel à la grève. » « Je travaillerai normalement », dit cette infirmière interrogée dans la cour du CHU. Ici, le bureau du SNAPAP est fermé depuis belle lurette. En revanche, dans les deux universités (Es Sénia et l'USTO), les représentants du CNES ont exprimé, hier, tour à tour, leur détermination à observer cette protesta d'une journée. Premier à afficher sa solidarité, le CNES vers qui les regards sont désormais braqués puisqu'il est à la veille de sa grève -limitée pour les uns et illimitée pour les autres-prévue le 13 mai prochain. Plus 3 000 enseignants affiliés au CNES, à l'Ouest, se disent solidaires. Même en rangs dispersés, le mot d'ordre est le même. « Solidarité syndicale oblige, le CNES observera lui aussi sa journée de grève aujourd'hui. » Au CNAPEST, c'est le même ton de solidarité qui est affiché par M.Aoues, à la tête de la coordination de ce syndicat autonome. M.Mokhtari, de la section du CNES de l'université d'Es Sénia, qui se prépare à observer une grève d'une semaine à partir du 13 mai prochain, se dit « solidaire avec l'intersyndicale de la fonction publique, même si cette dernière n'a pas concerté le CNES. » A Es Sénia, l'on se dit « prêts à suivre le mot d'ordre du conseil national exprimé lors de la réunion du 27 avril dernier, appelant à un débrayage d'une semaine. » « Partager les revendications » Deux réunions du conseil national sont prévues avant et après cette semaine de grève, soit les 11 et 20 mai prochains. La même solidarité est également affichée par les enseignants affiliés au CNES, à l'USTO, qui ont appelé à une journée de protestation aujourd'hui. A l'USTO, la section du CNES qui revendique « quelque 400 adhérents » sur un total de 650 enseignants, croit à la mobilisation d'aujourd'hui, tout en précisant que le CNES n'est pas partie prenante de l'intersyndicale de la fonction publique. M. Mekkaoui, coordinateur du CNES à l'USTO, se dit « partager les revendications liées à l'exercice du droit syndical, à l'instauration d'un statut de la fonction publique digne et à la revendication des salaires. » Aussi, à l'USTO, « l'on ne cesse de réitérer la proposition formulée l'an dernier par le CNES, relative à la consécration d'un statut spécifique pour l'enseignant chercheur. » En prévision du 13 mai, les syndicalistes du CNES affirment que des préavis de grève sont déposés auprès du rectorat et au niveau de l'inspection de travail. « Nous avons reçu des récépissés », confirme M.Mekkaoui. Une assemblée générale est prévue aujourd'hui pour « décider des suites à donner au cas où l'administration universitaire enclencherait une action judiciaire contre le mouvement de débrayage. » M.Makkaoui dit « ne pas comprendre le revirement de position des partisans de la semaine de grève. Le conseil national ayant pourtant bel et bien entériné par un vote à bulletin secret, les 17 et 18 avril dernier, le principe d'une grève ouverte à la majorité au sein du conseil national. » Il est à signaler qu'une note, signée le 2 mai dernier, émanant du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, met en garde les enseignants qu'ils n'auraient pas de vacances s'ils n'accomplissent pas toutes leurs taches pédagogiques. En réponse à cette mise en garde, M.Mekkaoui estime que « de toutes les façons, les enseignants n'ont pas de vacances. » « Un enseignant tunisien perçoit jusqu'à 2 000 Euros de salaire », compare M.Mekkaoui qui dit « ne rien attendre de la tripartite, ni du projet du statut de la fonction publique, dès lors, dit-il, que nous sommes habitués aux promesses non tenues. »