«Incident étrange» et «monté de toutes pièces», tels sont les qualificatifs dont a usé la presse égyptienne, tous médias confondus, pour commenter l'attaque contre le bus transportant les joueurs de l'équipe nationale de l'aéroport vers l'hôtel, faisant quatre blessés. Les médias égyptiens ont affirmé, toute honte bue, que l'agression de jeudi soir ne serait qu'une pure invention. Hallucinant ! Ils n'ont pas hésité, dans leur tentative de travestir les faits, à jeter la responsabilité sur les joueurs algériens, les accusant d'avoir «détruit de l'intérieur» les vitres du bus qui les transportait. «Le bus transportant les joueurs de l'équipe d'Algérie de l'aéroport à l'hôtel a été confronté à un incident étrange, lorsque certains joueurs ont commencé à détruire les vitres du véhicule en prétendant avoir été la cible de jets de pierres», affirme le très officiel quotidien Al Ahram. Et comme le ridicule ne tue point, les télés et journaux égyptiens tentent vainement d'expliquer ces faits, pourtant graves, par la recherche d'un prétexte au cas où les Fennecs perdraient le match samedi. Le quotidien indépendant Al Chourouq, lui, parle d'une «crise montée de toutes pièces». Citant «une source de sécurité de haut niveau», le journal affirme que les vitres ont été brisées «de l'intérieur et non de l'extérieur du bus comme l'ont prétendu les membres de l'équipe d'Algérie», qualifiant l'affaire de «tentative des joueurs algériens de monter un problème de toutes pièces afin de servir leur position au cas où ils perdraient». Pour faire vrai, les médias, chaînes satellitaires notamment, qui crient au loup se sont investis corps et âme dans cette grosse opération de «bidonnage» digne de l'ère de plomb, quitte à démentir les forces de sécurité de leurs pays, qui avaient admis, dans un premier temps, que le bus des joueurs algériens avait été attaqué à coups de pierres peu après leur arrivée dans la capitale égyptienne. Le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom, qui dénonce en une «comédie» algérienne, ne dément pas que des «gamins» aient jeté des pierres sur le bus, mais affirme que les Fennecs «ont rapidement profité de l'occasion, certains prétendant être terrifiés et blessés, et ont détruit les vitres de l'autobus et les sièges dans une ambiance d'extrême agitation». Citant le conducteur du véhicule, le quotidien pro-gouvernemental Al-Gomhouriya affirme même que les joueurs ont agressé leur chauffeur. Même si certains titres de presse écrite ont reconnu à demi-mot que le bus a été «caillassé», ils n'ont pas réussi à convaincre comment des pavés gros comme ça ont atterri dans le bus, blessant gravement des joueurs au front, à la tête et à l'arcade sourcilière. Ils ont eu tout le mal à expliquer ces blessures. Tout comme la presse du Nil n'explique pas non plus comment des joueurs professionnels qui font les beaux jours des clubs européens, ont recours à la détérioration du véhicule, pour se blesser au risque de perdre leurs carrières internationales. Ces commentaires ne font pas le poids devant les témoignages des joueurs, qui ont déploré l'absence des services de sécurité sur le parcours des Verts. Attaquant de Sienne et des Fennecs, Abdelkader Ghezzal l'affirme : «C'était un truc de fou. Comme si nous étions tombés dans un guet-apens. Les vitres du bus ont éclaté, des coéquipiers ont été blessés. A l'aéroport, tout allait bien. Pas de problème de sécurité. Tous les journalistes, algériens et égyptiens étaient ensemble. Et puis les jets ont commencé après environ un kilomètre. Les gens arrivaient de tous les côtés de la route. Je ne sais pas si c'était préparé, mais ça en avait l'air. Finalement, on n'a que quelques points de suture. Avec les ‘‘rochers'' qui arrivaient dans le bus, ça aurait pu être pire. On s'attendait à de l'intimidation, mais pas à ce point-là. C'est clair qu'il y a eu un gros manque de sécurité», a assuré Abdelkader Ghezzal sur les ondes de RMC. Il est clair que cette attitude de gens des médias en Egypte n'est que la continuité, ou suite logique de la campagne de dénigrement lancée contre l'Algérie par une partie de la presse durant laquelle elle a, en usant des gros moyens, sérié des diatribes et vanté les mérites des Algériens. En fin de compte, la presse du pays des Pharaons est apparue sous un aspect chauvin, dénaturant la confrontation footballistique. A. R.