Le tant attendu 14 novembre a sans doute marqué profondément les Algériens, et pour cause la défaite de notre équipe nationale face à l'Egypte avec un score de 2-0. Bien que la bataille ne soit pas encore perdue et seulement reportée au 18 novembre à Khartoum, la population algérienne a donné l'impression d'être en deuil après le coup de sifflet final, le soir de samedi. Les klaxons et les youyous ont vite fait place à un silence de mort. Les rues d'Alger se sont tues durant un moment pesant. La déception se lisait sur les visages et les mots n'arrivaient plus à exprimer la moindre émotion. A Bab El Oued, où l'ambiance avant le match avait atteint son summum, un silence à donner la chair de poule s'est installé. Les cris des supporters, les youyous s'échappant des balcons d'immeubles pendant le match se sont éteints. Mais après ce moment de flottement, le choc est encaissé et l'espoir renaît, plus fort que jamais. Le calme qui planait sur le quartier sera vite rompu. Une grande marche sera improvisée par les jeunes de Bab El Oued qui ont décidé de ne pas lâcher prise et de continuer à soutenir à fond l'EN. Leur nombre est impressionnant. Tous vêtus de vert, blanc et rouge, arborant l'emblème national, les jeunes ont commencé à marcher le long du boulevard colonel Lotfi, chantant en chœur «Djich, chaab, maak ya Saadane». Le moment est fort. L'émotion est à son comble. L'air est déchiré par les youyous des femmes depuis leurs balcons. Certains allument des torches, d'autres montent sur les toits des voitures et tous manifestent leur soutien à leur équipe nationale. «Rien n'est encore perdu. Il nous reste le Soudan», déclare l'un des supporters. «Nos joueurs se sont défendus comme des lions. Nous les encouragerons jusqu'à la fin», dira un autre. La foule qui grossit continue à avancer, sans faire de dégâts. «C'est une marche pacifiste», déclare une jeune fille en rentrant chez elle. Le slogan change et est remplacé par «l'hymne» de Bab El Oued réservé pour les occasions majeures : «Bab El Oued echouhada». Une demi-heure après, la marche est relayée par un défilé de voitures. Les jeunes rejoignent leurs véhicules et commencent à sillonner le quartier. En parallèle, la radio El Bahdja a vite entamé une campagne de motivation en ouvrant ses ondes à la population. Diffusant des chansons encourageant l'EN, l'animatrice n'a pas hésité à lancer un appel aux jeunes : «Il faut qu'on sorte dans les rues pour soutenir l'équipe nationale. Gardez vos drapeaux accrochés. Il nous reste le 18 novembre.» Un jeune intervient en direct sur les ondes de la radio : «Je n'arrive pas à dire un mot ! Nous allons tous aller au Soudan et nous comptons sur les autorités concernées pour nous faciliter la tâche.» La requête a trouvé écho. W. S.