C'était l'effervescence dimanche dernier à l'aéroport Houari Boumediene avant et après l'arrivée de la délégation algérienne composée d'artistes, de cadres, de députés et des directeurs des journaux la Tribune et le Temps, organisateurs du vol charter Alger-Le Caire pour assister au match de qualification Algérie-Egypte pour le Mondial 2010. Déception et fatigue se lisaient sur tous les visages mais les yeux étaient pétillants d'espoir de gagner le prochain match par tous ces citoyens algériens qui continuent à défendre avec acharnement les couleurs de l'Algérie. Certains d'arracher une belle victoire, des supporters n'ont cessé d'entonner One, two, three, viva l'Algérie ! «Maandi ma n'goul (je n'ai rien à dire), je veux que notre équipe y mette du cœur et arrachera la victoire à Khartoum», confie un jeune supporter, visiblement abattu mais gardant toujours la tête haute et, surtout, la confiance en les Verts. Deux jeunes femmes s'approchent de lui et lui prennent la main comme pour le secouer. Ce sont des psychologues dépêchés à l'aéroport pour essayer d'aider et remonter le moral aux jeunes supporters qui ont échappé à une mort certaine en terre égyptienne. Des médecins sont également arrivés à la rescousse. L'une des blouses blanches s'exprimera pour dire que «nos concitoyens sont arrivés déprimés mais ils tiennent quand même le coup». Preuve encore une fois que le peuple algérien est très courageux. Nul ne s'attendait à un tel accueil de la part d'un peuple que l'on a l'habitude de décrire comme étant «ami et frère». C'était pour eux une surprise et un cauchemar à la fois. «C'était l'enfer», «c'est des sauvages», «on n'a pas cru nos yeux», «nous avons été tabassés et insultés», autant de phrases lâchées par de jeunes supporters mais aussi par des députés. L'un de ces derniers, représenté en la personne de M. Reghis Noureddine, de la formation politique RND, nous a même dévoilé une blessure au crâne. Il dira : «Nous avons passé 48 heures en enfer.» Selon lui, «les joueurs algériens étaient mis sous une grande pression et il était très difficile en plus de jouer avec des blessures causées suite à l'attaque du bus transportant l'équipe nationale». D'autres témoignages recueillis auprès de ces députés et des supporters est «la complicité des policiers égyptiens puisque l'agression s'est déroulée sous leurs yeux». Un jeune nous a raconté qu'à la sortie du stade, «la sécurité égyptienne s'est éclipsée, livrant les Algériens aux supporters qui se sont déchainés sur eux». Certains disent que même «le ministre de la Jeunesse et des Sports a failli être lynché n'était la vigilance et l'intervention rapide de sa garde rapprochée». Une ambiance folle régnait parmi les supporters des Verts qui promettent une très belle victoire à Khartoum mercredi prochain. Un grand drapeau est brandi au milieu de l'aéroport par les citoyens qui scandaient : «Djeich, chaab, maak ya Saadane !», et «Chebka ya Ghezzal !». Sur d'éventuels morts, il était difficile de confirmer l'information. Beaucoup de supporters parlent surtout de blessés. D'autres évoquent également des morts. Certains nous ont même dit que 5 corps étaient arrivés aux environs de 12 h et que 7 autres devaient encore arriver tard dans la nuit. A notre arrivée à l'aéroport aux environs de 16h30, nous avons entendu un employé parler de 5 dépouilles mortelles de citoyens originaires de Blida et de Tizi Ouzou. Pendant ce temps-là, les autorités algériennes observent toujours le silence, à l'image de l'ambassadeur d'Algérie en Egypte qui a démenti formellement l'information selon laquelle il y aurait eu des morts à l'issue du match. Les jours ou les heures à venir nous confirmeront cette information. B. A.