De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Comment voulez vous que la commune fonctionne à plein régime si elle ne dispose pas de ressources humaines qualifiées et suffisantes pour encadrer les diverses fonctions qui lui sont assignées ?» Cet éclaircissement évoqué par le maire de Constantine, M. Chibane, éclaire on ne peut mieux les lacunes auxquelles le chef-lieu est confronté dans les domaines relevant de l'intervention de l'APC. Une problématique à laquelle s'ajoutent les différents courants divergents au sein de cette assemblée, freinant tout éventuel essor. A ce sujet, l'édile se montre plutôt confiant. «Les dissidents qui ont voulu sacrifier ma place sont revenus à de meilleurs sentiments. Ils ont compris qu'ils doivent retrousser leurs manches pour travailler. Et d'arrêter de tirailler de travers, car le mal de la commune, entre autres, est le fruit de leur ‘‘fainéantise'' », devait préciser M. Chibane, indiquant qu'il n'est qu'un coordinateur qui a besoin de toutes ses forces présentes (délégués, chargés des commissions... ) pour parfaire son œuvre tel qu'il se doit. La commune de Constantine a recouvré sa sérénité, mais pas encore sa vitesse de croisière en matière de prise en charge effective des citoyens qui se bousculent au portillon quotidiennement pour une solution à leurs préoccupations. La population locale sollicite sa tutelle communale, notamment pour le logement, l'embauche et les questions liées à l'assainissement des cités. Jusque-là, les responsables se montrent disponibles pour «noter» les doléances qui, parfois, renvoient leur résolution aux calendes grecques. «Les portes sont ouvertes aux citoyens chaque jour. En tant qu'élu du peuple, le maire se doit d'être à l'écoute des maux de la société pour tenter d'y remédier. On essaye surtout de guider les personnes qui ne savent pas encore que le logement est du ressort de la daïra.» Toutefois, les gens se présentent beaucoup à la mairie pour exposer des affaires courantes liées, à titre d'exemple,aux locations des locaux jugées trop chères ou pour demander des espaces commerciaux. Sinon, espérer une meilleure souplesse dans la délivrance de la paperasse de l'état civil en décentralisant la fonction des antennes. La ville de Constantine aura vécu une grande zone de turbulences relative aux locaux de la cité Daksi qui ont soulevé le tollé chez les souscripteurs initiaux (plus de 500), mais la chance n'a pas souri à tout le monde en dépit d'avoir payé au lancement du recensement. «On a su gérer cette affaire avec l'implication de l'association des commerçants aux côtés de la commission chargée du dossier. La plupart des locataires sont rétablis dans leur droit», affirme le magistrat. En matière de dialogue et de concertation ave la société civile, le conseil consultatif installé en été dernier tente de jouer aux passerelles entre la population et les responsables. «Le courant passe très bien entre ce mouvement et l'assemblée. On lui demande de s'impliquer davantage dans les affaires publiques pour circonscrire toutes les tuiles touchant aux citoyens», estime-t-on au niveau de la commune alors que le conseil met à nu les bâtons dans les roues qui lui sont mis par quelques élus. Bref, à l'image de toutes les grandes villes d'Algérie, Constantine se bat au quotidien pour se faire une toilette. C'est par-dessus tout la doléance des Constantinois envers leur responsable «revendiquant de lui une ville propre». Il faut avouer que la cité aura enregistré quelques améliorations qui restent à peaufiner, notamment en zones périphériques avec l'action des résidants. Sur un autre chapitre, notre interlocuteur attribue une estimation fragile à l'actuel code communal qui ne donne pas plein pouvoir aux maires. «Au contraire, il consolide beaucoup plus l'administration, laissant les APC sans prérogatives claires. On estime que les amendements dans le nouveau code seront plus explicites», fait–il remarquer. Et de poursuivre : «A titre d'exemple, on a institué 9 secteurs urbains sans qu'ils bénéficient de leur propre gestion. Ils sont codirigés.» Ainsi, pour répondre vite et positivement aux préoccupations des citoyens, la mairie devrait gagner davantage en autonomie. Pour cela, les moyens ne font pas défaut puisque la commune dispose d'un budget de fonctionnement alléchant avoisinant les 211 milliards de centimes. Néanmoins, les 60% de cette manne sont exploités par la masse salariale. «Avec les 40% restants, on pourra insuffler un nouveau sang au secteur communal, mais comme la souplesse dans les décisions nous échappe conformément au code en attendant la promulgation de son substitut», explique le responsable de l'hôtel de ville en révélant que son administration enregistre un déficit de 1 000 postes, alors que la demande de 540 postes budgétaires lui a été purement refusée. «Le manque de cadre fait cruellement défaut dans la municipalité. On doit au moins disposer de 10% supplémentaires de ressources humaines mais le constat est amer. Seulement 3% sont disponibles !» «On a relancé la demande dans le but d'une possibilité de recrutement et on attend», atteste M. Chibane qui confie que l'APC a pu quand même enrôler 800 recrues dans le cadre de la CFI. Cependant, ce recrutement n'a pas bénéficié à la gent féminine (femmes de ménage, notamment). Le talon d'Achille de la mairie de Constantine se situe dans le suivi des chantiers engagés. A maintes reprises, cette lacune a été soulevée en différentes sessions et réunions extraordinaires, en vain. Les projets communaux sont «orphelins» en suivi. Ce qui laisse le doute et les supputations planer sur leur véracité… tous azimuts. Peut-être que la latitude octroyée aux élus dans les prises de décisions assainira «la ville communale» de Constantine. Mais est-ce vraiment une question de pouvoir d'action pour réguler les files interminables, assainir un quartier, éclairer une ruelle, demander des comptes aux entreprises chargées des projets ? Un peu de conscience «apolitique», Messieurs les élus, et moins d'opportunisme démesuré permettront une gestion saine de la municipalité.