Photo : M. Hacène Par Salah Benreguia Comme il fallait s'y attendre, l'aéroport international Houari Boumediene a été pris d'assaut hier par des milliers de supporters voulant se rendre dans la capitale soudanaise où va se jouer le match barrage, celui de la qualification à la Coupe du monde 2010 qui se déroulera en Afrique du Sud. Des jeunes, des moins jeunes, Algérois ou venus des quatre coins du pays, les supportes ont décidé, leur équipe nationale dans le cœur, d'y aller pour encourager les capés de Saadane. En effet, une véritable marée humaine, composée de jeunes avec l'emblème national dans une main et le passeport dans l'autre, s'était rassemblée devant l'aéroport international Houari Boumediene, tentant par tous les moyens d'atteindre les guichets de l'agence d'Air Algérie pour acheter le billet qui leur ouvrira les portes du stade d'El Merrikh. Il est 13h30 lorsqu'on est arrivé sur les lieux. Dépassant de quelques mètres le siège de la direction générale de Djezzy, où la moitié de l'immeuble est incendiée, on est déjà bloqué dans la circulation. La route menant à l'aéroport connaît une ambiance inhabituelle : des centaines de véhicules, bus et autres moyens de transport ont été mobilisés pour transporter les Algériens à destination de l'aéroport. Au bout de quelques minutes, à l'embranchement menant à la zone internationale, la route tortueuse dévoile un décor féerique : des centaines, voire des milliers de personnes, plutôt de supporters, occupent le parking et les autres espaces à l'extérieur de l'enceinte aéroportuaire, aux couleurs de l'emblème national. Il faut dire que le vrombissement des moteurs des avions et des voitures ainsi que la chaleur n'ont pas dissuadé les Algériens. Devant les portes d'entrée, des centaines de jeunes sont là en file indienne encadrés par des policiers et des agents d'Air Algérie. Arborant les maillots des Verts ou emmitouflés dans l'emblème national, ces derniers ont créé une ambiance festive, scandant des slogans encourageant l'équipe nationale et traitent de tous les noms d'oiseaux l'équipe ainsi que tout le peuple égyptiens. Hasard de calendrier ou amour de leur pays, même les voyageurs des autres destinations sont aux couleurs nationales. Toutefois, afin d'immortaliser l'événement, les autres voyageurs ont tenu à photographier ces scènes de liesse avec leurs portables. Avec des tambours, des trompettes et des youyous stridents, les jeunes, venant participer à la «bataille» de Soudan, entonnaient à tue-tête des chansons à la gloire de l'Algérie et de l'équipe nationale : «Djich chaab maak ya Saadane», «bye bye ya Chehata, bye bye, d'zaïr rayhin l'el mondial», «rana rayhine Soudane et supporter Saadane», ou l'immortel «one, two three, viva l'Algérie». Les forces de l'ordre, afin de parer à d'éventuels débordements, ont décidé de fermer certaines entrées quelque temps. A l'intérieur de l'aéroport, le décor est presque le même. On voyait partout les couleurs de l'emblème national. Si l'attente est lente pour la quasi-totalité des voyageurs, les moyens de «tuer le temps» sont divers : des discussions çà et là, échange d'images et de vidéos des scènes de lynchage dont ont été victimes les nombreux supporters qui se sont déplacés au pays des pharaons, et surtout des chants «guerriers» pour encourager les poulains de Saadane, sont également au rendez-vous. Une ambiance de fête régnait, en effet, au hall 2 de l'aéroport international. Rassemblés devant l'agence d'Air Algérie, les jeunes, venus des différentes régions du pays, attendaient impatiemment aux sons de la derbouka et des trompettes d'éventuelles places dans l'un des vols charters prévus par la compagnie nationale. «Ecoutez, mon frère, je suis venu d'Oran, et franchement j'ai emprunté la somme nécessaire pour faire ce voyage. Le voyage de ma vie. Je n'ai pas du tout envie de le rater. Pour l'Algérie, je suis prêt même à partir à pied, pourvu que les Verts gagnent le match et nous rendent notre fierté», nous a affirmé Djamel, 30 ans. Si Djamel attend toujours la récupération de son billet, Karim, un autre fan des Verts, est plus chanceux. Il a pu acheter son billet, et attend seulement la programmation du vol. Regroupés et assis à même le sol, des dizaines de supporters venus de Relizane veulent aussi faire partie du voyage. «Nous sommes venus de Relizane, et nous attendons seulement que les préposés aux guichets d'Air Algérie nous confirment notre enregistrement. Ouallah, on va faire la fête au Soudan et démontrer aux Egyptiens que nous sommes plus forts qu'eux», nous a déclaré Mourad, sous les applaudissements de ses amis. Si, du côté des supporters, l'ambiance est festive, du côté des services de l'ordre, c'est plutôt la fatigue et le désarroi. Que ce soit à l'extérieur de l'enceinte aéroportuaire ou à l'intérieur, les policiers sont au bord de l'épuisement. Il faut dire qu'ils font face à un continuel déferlement : d'un côté, orienter et organiser les futurs pèlerins, eux aussi déboussolés par la marée humaine, et, de l'autre, tenter, parfois vainement, d'organiser, en file indienne ces derniers afin d'éviter tout débordement.