Photo : S. Zoheïr Par Sihem Ammour A Raïs Hamidou, depuis la victoire des Verts, le slogan patriotique «One, two three, viva l'Algérie» résonne dans les airs, scandé à pleins poumons par des centaines, voire des milliers d'Algériens, toutes générations confondues, pour clamer leur fierté de leur équipe nationale de football et surtout leur fierté de la victoire de toute l'Algérie fière de son histoire et fière de ses enfants. Il faut rappeler que, depuis samedi dernier, les cortèges de voitures portant l'emblème national, klaxonnant et faisant exploser les volumes de leur stéréo avec les derniers tubes glorifiant les Verts, déferlent sans cesse sur la route de la corniche algéroise. Le match d'appui était au centre de toutes les discussions et même les femmes au foyer se sont mises de la partie. Mercredi dernier, jour J, l'emblème national était accroché à la plupart des fenêtres du quartier de la «Réserve» situé juste à l'entrés de la ville. Mieux, sur la façade de la villa située juste devant le premier arrêt de bus en venant d'Alger, chacune des fenêtres était recouverte du drapeau algérien. Toutes les personnes qui circulaient dans la rue avaient un symbole aux couleurs nationales. Si certains avaient la tenue intégrale : survêtement de l'équipe nationale, serre-tête et serre-poignet, en plus du drapeau algérien sur les épaules, d'autres avait au moins l'un de ces symboles. On a même vu des poussettes de bébé ornées de fanions aux couleurs nationales. Il faut dire que les enfants et les bébés étaient les mascottes de cet événement et même les nourrissons étaient enveloppés dans des burnous vert et blanc sertis du croissant et de l'étoile rouge, héritage de nos glorieux martyrs. Dans l'après-midi, les chansons footballistiques tournaient en boucle dans la plupart des maisons, dont les échos qui résonnaient dans les airs étaient repris en chœur par les enfants jouant dans le quartier. Puis dès 18h, le calme régna dans la plupart des quartiers de Raïs Hamidou impatient de suivre le match. Si certains habitants ont vu le match en famille chez eux, d'autres ont préféré le voir entre voisins à l'exemple de cette famille qui a sorti son grand écran plasma dans la cour du voisinage où femmes, hommes, enfants étaient réunis dans une ambiance festive avec thé à la menthe et gâteaux au menu. Après 40 minutes de suspense indescriptible, où l'appréhension et l'angoisse ne cessaient de monter, le but extraordinaire d'Antar Yahia libéra tous les spectateurs en un hourra détonant qui déferla tel un tsunami sur toute cette localité côtière. Une ambiance incroyable s'installa, des youyous fusèrent de partout, les jeunes sortirent dans la rue. A coups de tambour et de derbouka, ils couraient en lançant des cris de victoire. Le ciel est illuminé par des feux d'artifice et le brouillard des fumigènes emplit les rues, durant toute la mi-temps. Puis, le calme revient, jusqu'au coup de sifflet final qui marque la victoire de l'Algérie et sa qualification au Mondial 2010. A la fin de ces 94 minutes d'un match historique, une explosion de joie emplit tous les quartiers de Raïs Hamidou. Jeunes, femmes, vieux, enfants sortirent tous dans la rue pour célébrer cette victoire. Les larmes de joie se mêlaient aux youyous stridents et aux klaxons des voitures. Même les bateaux firent résonner leurs sirènes comme à l'occasion de la célébration des fêtes nationales. Certaines personnes âgées étaient en larmes car elles n'avaient pas vécu une telle liesse populaire depuis la célébration du 5 Juillet 1962. A l'impasse de la «Réserve», les voisines qui n'avait pu défiler par manque de place dans les véhicules, où s'étaient entassés les jeunes et les enfants du quartier, se sont toutes retrouvées sur la terrasse de la villa la plus proche de la route pour assister au défilé des supporters. Tel un kaléidoscope, les mêmes images indescriptibles revenaient sans cesse jusqu'à une heure tardive de la nuit. Celle des milliers de personnes défilant dans la rue, donnant parfois lieu à des scènes cocasses, telles ces dizaines de jeunes chantant et scandant des slogans nationalistes, juchés sur un camion de ramassage des ordures. Il y a également cette scène d'anthologie, où un groupe d'une cinquantaine de femmes et d'enfants défilait à pied en scandant «One, two, three, viva l'Algérie». L'ambiance festive se poursuivit jusqu'à plus de deux heures du matin et a repris de plus belle durant toute la journée de jeudi dernier et la soirée festive se poursuivit également très tard dans la nuit. Dans la matinée d'hier, la plupart des transports en commun et leurs passagers portaient encore les couleurs nationales, la belle revanche des guerriers du désert contre l'arrogance des Pharaons nourrissait toutes les discussions matinales. Une chose est certaine : dans les quartiers de Raïs Hamidou, on a promis de fêter cette victoire pendant au moins une semaine, en l'honneur de tous ceux qui ont inscrit une nouvelle fois l'Algérie dans l'histoire des vainqueurs.