Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur A côté de villas et somptueux immeubles symboles de l'opulence citadine, se trouvent, imposants et délabrés de vieux quartiers et bidonvilles. L'environnement des quelques quartiers des plus anciens datant de l'époque coloniale à l'image des quartiers «Jean-Pierre, Castors, de Gaulle» est hostile, surtout lors de la décennie noire, caractérisée par un exode forcé. Des milliers de demandes de logements ont été déposées mais par crainte d'une «éventuelle émeute», situation oblige, les autorités ont du mal à afficher les listes. Par contre, les bidonvilles sont largement constatés, et la galère des chimériques bénéficiaires s'allongeait au fil du temps pour laisser la place à une situation draconienne devenue plus tard un calvaire insupportable pour les habitants qui n'aspirent qu'à un logement décent, et il en existe sur le territoire de Tlemcen. Ces populations, plongées à leur corps défendant dans la misère, voyaient, impuissantes, un rêve devenir mirage alors que la volonté politique soutient un habitat décent et correct pour cette catégorie de gens. Les habitants ne croyaient plus à un logement, mais une lueur d'espoir apparaissait, néanmoins, pendant le temps où l'on voyait des bulldozers déblayer le terrain et des ingénieurs prospecter les lieux, pour ériger des logements. Or, des dizaines, voire des centaines d'appartements demeurent clos, et les bidonvilles, malgré l'éradication de certaines maisons, renaissaient. La crise a atteint son paroxysme, et le déficit enregistré à l'échelle de la wilaya dépasse les 15 000 logements. Au niveau de ces quartiers illicites, la plupart nés lors de l'exode forcé, la vie n'est guère reluisante. Faut-il se résigner à dire adieu au projet et au rêve de dizaines de milliers de pauvres qui végètent toujours dans leurs bidonvilles ? Ici, les habitants vivent un véritable calvaire en toute saison, notamment celle des pluies, où l'eau envahit littéralement toutes les maisons. En effet, un tour à l'intérieur d'un quelconque quartier fait voir clairement la précarité des conditions de vie des habitants. Dans un enchevêtrement de maisons construites pêle-mêle dans les bas-fonds, arrosés pour la majorité des eaux des vallées et cuvettes et leurs multiples rejets d'eaux usées, certains quartiers, malgré des budgets destinés à améliorer le cadre de vie des populations, souffrant encore du manque d'assainissement des réseaux d'eaux usées, de routes, de ponts… Les années se suivent et se ressemblent. Les problèmes des riverains de ces quartiers se succèdent avec leur lot de désolation et de tristesse. Les milliers de familles qui vivent dans ces zones redoutent chaque année les premières chutes de pluie. C'est que ces précipitations tellement désirées jettent à la rue des milliers de familles, qui sont, parfois, contraintes de déménager chez des parents dans un quartier pour se mettre à l'abri… Le calvaire est toujours là, persistant malgré plusieurs plans de redressement de la situation grâce à des projets, mais rien n'est reluisant du fait que certaines localités ont été la cible de plusieurs maladies comme la typhoïde. Les gens y vivent dans des conditions lamentables et exposés aux dangers des maladies, des inondations, d'un environnement polluant, etc. Les autorités de la wilaya doivent mettre en place de véritables commissions qui auront comme mission une enquête approfondie, suivie d'octroi de logements décents. Autrement, les populations finiront un jour par «exploser».