De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Avant, pendant et après la rencontre de Khartoum, il n'y avait en réalité que les médias égyptiens qui n'arrivaient pas à avaler la pilule suite à l'élimination de leur onze national. Est-il besoin de rappeler, d'entrée de jeu, que Hosni Abderabo et ses coéquipiers ont cherché à tracer leur territoire et, histoire d'impressionner, sans doute encore une fois les éléments d'une sélection nationale qui, quelques jours auparavant au Caire sur une distance aussi courte que ridicule séparant l'aéroport de sa résidence, avait été victime d'une lapidation en règle. Bien entendu, à un football gardant sa réputation de jeu d'hommes, Antar Yahia et les siens disposaient de tous les arguments pour faire valoir au minimum leur capacité de réaction et des atouts techniques nettement supérieurs au registre de l'adversaire, un adversaire, est-il alors besoin de le seriner… vieillissant et, pis encore, toujours sur un nuage duquel il ne voulait pas descendre depuis ses deux conquêtes africaines successives. Alors que le parcours en finale de Coupe des confédérations qui, au demeurant, prenait un contour honorable était vite remis en question par les réserves infondées de la délégation égyptienne et les cris d'orfraie poussés après la défaite concédée face au Brésil. Et il n'est pas exclu que c'est peut-être là que les pharaons ont commencé à flirter avec la désillusion, voire les désillusions à venir et l'amorce d'un déclin que seules peut-être des comédiennes ringardes ou des chevaux de retour refuseraient d'admettre dans un pays qui vit et se nourrit de cinéma… donc de rêve jusqu'à en oublier l'existence des cauchemars. Et dans cette histoire de rêveur réveillé, c'est aussi, pour un match perdu et une élimination en Coupe du monde qui n'est pourtant en rien la fin de ce monde, le point de départ d'un déchaînement irrationnel et hystérique des médias égyptiens contre l'ensemble des officiels : arbitres, organisateurs, représentants de la Fédération internationale de football association. Autrement dit, l'Establishment. Il devenait même étonnant que la FIFA ne réagisse pas aux rodomontades des dirigeants d'une sélection nationale dont la virulence dans les propos, la désinformation donnaient de sérieux coups de canif à l'idéal sportif et n'avaient d'égale alors que ceux (coups) d'éperon des journalistes prématurément présents en Afrique du Sud et relayés par ceux restés au pays, lesquels mettaient à profit les images de la télévision pour en tronquer les vérités via de diaboliques montages comme ils n'ont eu cesse de le faire au lendemain du 18 novembre dernier et jusqu'à ce jour. La sélection égyptienne ne vivait somme toute que le drame de toute autre sélection qui ne peut éternellement vivre sur son passé. Une quinzaine de jours après le match de Khartoum, les Algériens, qui avaient toutes les raisons de savourer sans discontinuer un évènement historique, ont lucidement renoué avec la vie de tous les jours et, à la limite, oubliant presque des moments de légitime quasi-folie qui ont ébranlé le pays. Les différents titres de presse nationaux se consacrant à évoquer l'évolution du dossier et son traitement administratif par les instances internationales ad hoc suite aux évènements du Caire. Ce n'est pourtant pas le cas chez le dernier adversaire de la sélection de Saadane. Même si la fièvre est tombée du côté de la rue (égyptienne), elle manque de faire sauter le thermomètre dans les rédactions, des rédactions qui n'arrêtent pas, vaille que vaille, d'entretenir un audimat avec l'objectif d'éviter une crise dont les conséquences dépasseraient le seul contexte sportif. En ce sens qu'elles risqueraient, en entamant des équilibres des plus précaires, de faire vaciller le pays et ses institutions. La mobilisation outrancière de la presse, du microcosme artistique, sportif, des hérauts de la société civile… celle aux ordres forcément, des parlementaires, des hommes d'affaires obéit à cette stratégie, sans qu'il n'y ait besoin d'y voir une quelconque exagération dans le propos, diabolique, qui ne vise pas seulement à embobiner un peuple, au demeurant loin d'être dupe mais mise en place beaucoup plus pour la consommation extérieure et certainement, comme le ridicule ne tue pas, d'influencer les membres de la commission de discipline. Malheureusement, la masse d'informations et d'images collectée depuis le 14 novembre a cela d'implacable qu'elle est, on ne peut plus, éloquente et que cette masse d'images et d'informations a fait le tour du monde en temps réel. Alors quel pouvait être encore le dernier coup de Jarnac des Egyptiens, encore et toujours acculés par leurs médias ? C'est ce chantage autour de leur décision d'organiser ou non la CAN de handball sur leur sol en février prochain selon qu'à son tour notre pays décide ou non d'y aller. Le forfait attendu n'ayant jamais effleuré l'esprit des responsables du hand-ball national, c'est donc eux (Egyptiens) qui s'offrent allègrement, après leur désistement, un deuxième front d'hostilité duquel ils ne risquent certainement pas de sortir indemnes, encore moins blanchis. Il s'agit d'une simple question de logique unanimité que l'Algérie n'a pas eu à acquérir par un travestissement des réalités et encore moins en associant des médias nationaux auxquels il faut reconnaître le mérite d'avoir agi en professionnels depuis le commencement de la campagne CAN/Mondial. Les médias algériens contribuant sans nul doute au succès de l'EN par leur objectivité et si tant est qu'elle existerait… une critique effective… responsable. C'est d'ailleurs un peu ce que, lundi, concédait en filigrane un expert égyptien rompu aux règlements sportifs au cours de l'émission «Matin Sports» de la chaîne de télévision Nile Sports. L'expert en question, quoique essayant de se montrer moins catastrophiste et pour rester dans le climat général ambiant au Caire a édulcoré ses propos, rappelant ainsi que «si dans le cas de figure actuel, les membres de la FIFA avaient sur leur pupitre un dossier en béton, cette affaire aurait pu être traitée (avantageusement, ndlr) par la Fédération égyptienne si ses responsables et tous ceux qui ont agi à la périphérie de la sélection de leur pays avaient fait preuve d'autant de perspicacité que les Algériens et Mohamed Raouraoua», allant même jusqu'à laisser croire que tout était encore possible sauf «…l'annulation du résultat acquis sur le terrain». Ce «possible» demeurant évidemment compliqué à cerner. De quelque bord d'où ils viennent, les personnalités, tous horizons confondus, à charge de revanche très certainement et quitte à se pervertir en pactisant avec le diable, acceptent dans un discours, trop consensuel, pour être sincère, de saisir la perche tendue par des animateurs de stations radios ou à hauteur de plateaux de télévision où le mot d'ordre essentiel est de faire en sorte de regagner autrement le match ou du moins en atténuer, dans la plus forte mesure, les effets sur l'homme de la rue… celui-là même qui, quoique habitué à avaler sans répit les plus grosses couleuvres, n'arrive pas à faire passer la défaite enregistrée face à l'Algérie. Et aux yeux de «monsieur tout le monde» en Egypte, non pas parce que la sélection nationale de Saadane ne le méritait pas, loin s'en faut, mais beaucoup plus parce que ce sont les responsables égyptiens qui ont failli. Comme en ce qui les concerne, les joueurs ne se sont pas montrés dignes de la mission dont ils étaient investis. Contrairement à Antar Yahia et ses coéquipiers.