Avec plus de la moitié des réserves prouvées de pétrole du globe, les pays arabes resteront, pendant des décennies, le principal fournisseur d'énergie du monde, ont souligné, hier, des experts réunis à Doha. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Ceux de 2009 indiquent que les pays arabes détiennent 681 milliards de barils de pétrole de réserves, soit 58% de celles de la planète, a souligné Torki Hemsh, expert en exploration et en production de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep). Ces pays détiennent aussi près de 300 milliards de réserves potentielles décrites comme du "pétrole non découvert" par cet expert. Ces mêmes pays détiennent en outre 54 100 milliards de m3 de gaz naturel, soit près de 30% des réserves mondiales et il existe un potentiel de 40.000 milliards de m3 supplémentaires, selon M. Hemsh. "Ces réserves massives signifient que la région continuera à occuper pendant plusieurs décennies une place significative sur le marché mondial de l'industrie et du commerce du pétrole", a souligné le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, devant la 9e conférence arabe de l'énergie. Les pays arabes produisent actuellement 21,5 millions de barils par jour, dont plus du tiers par l'Arabie saoudite, contre 23 millions de barils par jour en 2006, une baisse qui s'explique par le recul de la demande en raison de la crise économique mondiale, a indiqué M. Hemsh. Saad al-Kaabi, haut cadre du Qatar Petroleum, a indiqué que les pays arabes assurent 13% de la production mondiale de gaz et que leur part de la consommation mondiale est de 9%. Le secrétaire général de l'Opep, Abdallah el-Badri, a affirmé que les pays arabes avaient la capacité de satisfaire à une plus importante demande mondiale en pétrole. "Le monde arabe continuera à jouer longtemps un rôle de premier plan dans l'approvisionnement du monde", a-t-il dit devant la conférence. Il s'est plaint de la volatilité des prix qui est de nature à affecter, selon lui, les investissements visant à augmenter la capacité de production. Entre 2010 et 2020, la part de l'Opep du marché mondial se situera entre 29 et 36 millions de barils par jour "ce qui rend incertains 250 milliards de dollars d'investissement", a souligné M. Badri. Nabuo Tanaka, directeur exécutif de l'Agence internationale pour l'énergie (AIE) a toutefois indiqué que, selon les projections de son organisme, la demande passera à 105 millions de barils en 2030, contre 85 actuellement. "La part de l'augmentation de l'Opep sera d'au moins 11 millions de barils par jour", a-t-il dit, prédisant une hausse massive de la demande pour le gaz. "Les pays arabes doivent connaître une hausse de la demande sur le pétrole et le gaz" et ce sera à un prix plus élevé car "l'ère de l'énergie bon marché est simplement révolue". Il s'est toutefois interrogé sur la capacité de l'Opep d'investir pour satisfaire à la demande de pétrole, tandis que M. Badri a souligné que les pays arabes cherchent des prix stables pour pouvoir investir. "Selon nos calculs, les pays du Golfe, l'Irak et l'Iran peuvent faire face à la majeure portion de la hausse de la demande", a déclaré M. Tanaka. Selon M. Hemsh, la capacité de production qu'ont les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et le Koweït et celle attendue de l'Irak, est suffisants pour satisfaire la demande jusqu'en 2020 date à laquelle elle doit atteindre, selon lui, 95 millions de barils par jour. Notons que le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a appelé, dimanche, à dynamiser la coopération arabe commune en matière d'énergie sur la base d'intérêts économiques mutuels, a indiqué un communiqué du ministère. M. Khelil, a insisté sur "l'importance de dynamiser la coopération arabe commune sur la base d'une économie cohérente dans le cadre d'un partenariat basé sur des intérêts économiques mutuels". Il a indiqué que cette conférence "est l'occasion d'examiner les nouvelles opportunités de coopération arabe commune à la faveur des mutations rapides que connaît l'économie mondiale". M. Khelil a noté que l'augmentation du prix du pétrole ces dernières années avait produit un effet positif sur les économies des pays producteurs de pétrole et de gaz, dont les pays arabes. Il a évoqué les principales réalisations en Algérie dans le secteur énergétique, rappelant que la nouvelle orientation de la politique de développement des hydrocarbures a eu pour effet l'encouragement du partenariat, notamment aux plans de la recherche et de la production. Il a précisé que plus de 30 multinationales activaient en Algé rie dans le domaine du pétrole et du gaz et que les investissements étrangers avaient atteint durant les dix dernières années quelque 20 milliards de dollars, soit une moyenne de 2 milliards de dollars par an. Cette politique a conduit, en Algérie, à l'accroissement de la capacité de production de pétrole brut à 1,4 million de barils/ jour actuellement contre 890 000 barils/jour en 2000. La production du gaz naturel a atteint, quant à elle, 85 milliards de m3/an, dont 60 milliards sont exportés actuellement. L'Algérie ambitionne d'exporter 85 milliards à l'horizon 2013.