À quelques jours de sa tenue à Copenhague, le sommet de l'ONU sur le climat polarise toutes les attentions, mais provoque également des polémiques aussi inattendues que celle qui a éclaté entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama. À Trinidad-et-Tobago, lors d'une rencontre du Commonwealth à laquelle il a participé et essentiellement consacrée aux changements climatiques, le président français a ouvertement critiqué la décision de son homologue américain de se rendre au sommet le 9 décembre et non les 17 et 18 comme tous les autres chefs d'Etat. “On ne peut pas ramener les affaires du monde à la présence d'un seul chef d'Etat”, a-t-il martelé, avant d'ajouter que “le moment décisif, c'est les 17 et 18 décembre.” Et de s'interroger : “Si certains viennent au début et d'autres à la fin, à quel moment gérerons-nous les décisions ?” Jeudi, déjà, après une réunion à Manaus avec les pays amazoniens, le président français avait déjà tenté de faire pression sur Barack Obama en déclarant à des journalistes ne pas vouloir “que ce soit discourtois à l'endroit des Danois et des soixante-six chefs d'Etat et de gouvernement qui ont donné leur accord pour participer à la conférence.” Le Sommet de l'ONU sur le climat aura lieu du 7 au 18 décembre dans la capitale danoise. Lars Rasmussen, Premier ministre du Danemark, qui accueille la conférence, plaide pour un accord solide et la reine d'Angleterre qui a présidé le rassemblement de Trinidad-et-Tobago a appelé les pays du Commonwealth à jouer un rôle moteur. L'Inde s'est déclarée prête à réduire ses émissions de gaz carbonique si cela s'inscrit dans un cadre équitable. Les Etats-Unis et la Chine ont annoncé des objectifs chiffrés et ont relancé du même coup l'espoir d'un accord politique. Les chances que la Conférence de Copenhague débouche sur un traité contraignant détaillé sont néanmoins minces, même si le Premier ministre danois et le secrétaire général de l'ONU se disent optimistes. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon justifie en partie son optimisme par le fait que les pays du Commonwealth, qui représentent un tiers de la population mondiale, se sont prononcés samedi pour la signature d'un “accord global, substantiel et légalement contraignant.” Le rassemblement de Port-of-Spain à Trinidad-et-Tobago a, en effet, adopté un document dans lequel les 53 pays du Commonwealth prônent le retour aux énergies propres, au système des crédits carbone et la contribution des pays riches pour aider les pays pauvres à supporter le coût économique de la mise en œuvre d'une stratégie de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Sur ce point précis, le président Sarkozy a préconisé que les pays riches fournissent un premier engagement financier trois années de suite, entre 2010 et 2012. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown a également annoncé le chiffre de dix milliards de dollars sans en préciser la durée, mais en engageant son pays à hauteur de 1,3 milliard. Certes, les dernières annonces de Washington et Pékin, la disponibilité de New Delhi à reconsidérer ses positions et le volontarisme affiché par les pays du Commonwealth et d'autres pays industrialisés, comme la France, sont des motifs de satisfaction pour les organisateurs de la conférence, que les plus pessimistes affublent du qualificatif de “la dernière chance.” Il n'en demeure pas moins que le scepticisme est fortement présent quant au succès et à l'efficacité du sommet, malgré la présence annoncée de 89 chefs d'Etat et de gouvernement. En effet, le bilan des accords de Kyoto, qui arrivent à leur terme dans quelques années, ne plaide pas en faveur du succès de ce que certains qualifient déjà de show politico-médiatique. Sans compter que les thèses catastrophistes relatives à la dégradation climatique sont battues en brèche par certains scientifiques de notoriété mondiale, comme l'ancien ministre Claude Allègre, qui compte bien dire son mot lors de cette conférence.