Les Africains sont de plus en plus nombreux à quitter leurs pays à la recherche de la stabilité sur le plan social et économique. Le chômage a en effet poussé des millions d'Africains, particulièrement les élites, à s'installer en Europe ou en Amérique où les offres d'emploi sont jugées plus importantes. Au total, selon Frederic Muia, conseiller principal de l'Organisation internationale du travail (OIT) pour l'Afrique, le continent noir compte 200 millions de travailleurs migrants. Aussi, les pays africains perdent entre 10 et 30% de leur main-d'œuvre qualifiée au détriment de leur économie. L'inertie et l'absence d'initiatives du côté des décideurs de ces pays sont en grande partie à l'origine d'une telle situation. Le constat dressé hier lors de l'atelier régional sur le rôle des employeurs face à la migration de la main-d'œuvre organisé par la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA) en collaboration avec l'OIT fait ressortir l'urgence de la mise en place de politiques socio-économiques dans les pays d'Afrique. Les intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de mettre un terme à la fuite des cerveaux sans toutefois proposer des solutions concrètes. Globalement, les animateurs de l'atelier sont restés évasifs dans leurs suggestions. Ils ont surtout insisté sur l'impact d'une telle situation sur les économies africaines frappées régulièrement par des crises. Ce qui amplifie le chômage dans cette région du monde où les besoins sont importants à tous les niveaux, alors qu'en parallèle les politiques adoptées n'absorbent pas ces crises qui sont à l'origine de cette hémorragie de la main-d'œuvre qualifiée. Une hémorragie qui ne fait que s'accentuer avec les plans d'immigration sélective adoptés dans certains pays d'accueil, à l'image de la France. Un point qu'ont relevé le secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, et le président de la CGEA, Habib Yousfi. Ce dernier est revenu sur le rôle du patronat dans la préservation de la main-d'œuvre, soulignant la nécessité d'adopter des politiques socio-économiques à long terme. Pour sa part, Sidi Saïd a suggéré l'élaboration d'une charte économique et sociale, en d'autres termes, une démarche similaire à celle de l'Algérie (le pacte national économique et social, ndlr). Mais, est-ce possible d'opter pour cette solution. Une solution jugée «excellente» par la directrice du bureau de l'OIT à Alger, Mme Maria Crisetti-Largillière, qui dira en marge de la rencontre : «Le problème en Afrique, c'est l'assistanat auquel il faut mettre un terme.» Et c'est ce qui commence à se traduire en Algérie qui compte, selon la représentante du BIT, «une mine d'intelligence et de créativité qu'il faut garder». S. I.