Synthèse de Rabah Iguer La situation économique en Espagne, en crise depuis le dernier semestre 2007, continuera de se détériorer jusqu'en 2010, année qui sera marquée par la stabilité et le début de croissances «très faibles» pour augmenter «plus rapidement» à partir de 2011, selon les prévisions officielles. En effet, les responsables de l'économie espagnole misent sur un début de reprise, en 2010, et en veulent pour preuve les premiers indices qui sont déjà visibles depuis mai dernier, selon eux. A cette date, pour la première fois depuis janvier 2008, le marché de l'emploi avait enregistré environ 24 000 demandeurs d'emploi en moins. Un indicateur jugé positif dans le seul pays d'Europe où le taux de chômage avait atteint le pic de 18%. Quelques mois auparavant, un million de travailleurs avaient perdu leur emploi en 2008. Un autre indicateur est venu, dernièrement, conforter cet optimisme sur la justesse des objectifs du plan de relance gouvernemental de l´économie : les statistiques officielles ne prévoient pas d´augmentation des prix des produits de première nécessité, qui avaient flambé depuis la fin de l´année 2007. Le quotidien spécialisé El Economista interprète ces indices comme «un début de confiance du consommateur» et de la bonne réaction du marché aux mesures de redressement prises par le gouvernement Zapatero. Toutefois, Bruxelles a un avis moins optimiste que celui de Madrid : l´Espagne sera le dernier pays de l´Union européenne à renouer avec la relance économique. Cette évaluation émanant, de surcroît, de la Commission européenne chargée de l'économie, présidée par l´ex-leader socialiste espagnol, Joaquin Almunia, ne laisse planer aucun doute sur les incertitudes relatives à la question de la relance économique en Espagne. Le gouvernement de Zapatero a dû alors relativiser son appréciation, considérant l´indice de confiance du consommateur comme insuffisant pour pouvoir parler de reprise sérieuse de l´économie, et préférant attendre les vrais signaux de récupération. Il a même fini par admettre que la reprise économique ne se fera pas avant 2011. Une affirmation que partage sa ministre de l'Economie, Elena Salgado. Selon les dernières statistiques officielles, la situation des ménages espagnols restera inchangée, tant que continuera la détérioration de la situation économique du pays. Le tiers de ces ménages se voit contraint de recourir à ses économies pour joindre les deux bouts du mois.En 2009, seulement 15% d´entre eux maintiennent leurs capacités d´épargne. La vie des entreprises espagnoles, particulièrement les PME, n´est guère, elle non plus, brillante. Les petites et moyennes entreprises éprouvent de grandes difficultés à trouver auprès des banques les crédits nécessaires pour relancer leurs activités, du moins pour ne pas être contraintes -c´est le cas de nombreuses PME- de déposer leur bilan. En avril dernier, le président Zapatero avait annoncé la mise en œuvre d´un plan de secours financier pour les entreprises locales, qui s´est soldé par un échec. Les banques, autant que les municipalités, ont refusé de jouer le jeu, les premières de débloquer les crédits, les secondes de reconnaître leurs dettes envers les PME. Sur les 13 385 PME pour lesquelles le gouvernement avait débloqué une aide de 8 milliards d´euros, en 2008, seules 400 d´entre elles (3%) ont pu profiter de l´intervention financière publique. Pour sortir de la crise économique actuelle, le ministre espagnol de l'Industrie, Miguel Sebastian, appelle ces entreprises à faire les efforts nécessaires pour augmenter l'activité de l'exportation, notamment en direction des pays émergeants, où les perspectives de croissance sont bonnes. Pour lui, l'internationalisation «est l'une des principales recettes» pour sortir de la crise actuelle, et aussi un élément clé «pour construire un modèle économique plus solide et plus compétitif». C'est ainsi qu'un nombre important d'entreprises locales envisagent carrément de s'établir à l'étranger, notamment dans les pays voisins comme l'Algérie et le Maroc, pour éviter de disparaître. Deux PME de la Galice (nord-ouest de l'Espagne), en faillite en 2008, «ont pu redresser leur situation en s´établissant à Oran», selon un quotidien spécialisé. Lors d'un forum économique, tenu dernièrement à Barcelone, le conseiller chargé des entreprises et de la recherche de la communauté autonome de la Catalogne, M. Joseph Huguet, a invité les PME du secteur des services à investir à l´étranger, dans les pays émergents comme l'Algérie, la Chine, l'Inde, l'Egypte et autres pour mieux faire face à la crise qui frappe l'Espagne.