Dans sa stratégie future, l'Afrique veut accorder une place au développement de l'énergie nucléaire civile, souligne le rapport des experts. La rencontre des ministres africains de l'Energie hier à Alger a permis de lancer officiellement la Commission africaine de l'énergie (Afrec), une institution-clé aux services de l'Union africaine devant contribuer au développement énergétique du continent. Dans son allocution, le ministre de l'Energie a situé l'importance de cet instrument. “La conférence consacre la mise en place d'un maillon important du dispositif institutionnel pour le développement économique du continent. L'Afrec représente l'aboutissement heureux d'un long processus qui a pris naissance lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains à Lagos en 1980. L'Afrique s'est dotée à travers l'Afrec d'un cadre institutionnel approprié pour promouvoir la coopération énergétique à l'échelle du continent”. Le représentant de l'Agence internationale de l'énergie a, lui, souligné en ce sens que l'Afrique est la seule région dans le monde qui ne dispose pas d'instruments de ce genre. Ce vide vient d'être comblé. Créée en 2001, l'Afrec a mis sept ans pour obtenir la ratification par quinze pays membres de la convention portant création de l'agence, le minimum requis pour qu'elle puisse exister légalement et entrer réellement en activité. Aujourd'hui, 23 pays africains ont ratifié la convention. Mise sur pied hier, elle aura à contribuer à prendre en charge de grands défis, celui particulièrement pesant de l'accès des africains à l'énergie. Le constat est amer. Le représentant de la Commission européenne a souligné que 400 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité, 600 millions continuent à utiliser le bois et le charbon, dépensant plusieurs heures à collecter le bois et souffrant des effets nocifs des fumées. L'accès à une abordable et durable énergie est important pour le développement économique et social. En ce sens, Chakib Khelil a cité l'importance de la nouvelle initiative pour le développement durable de l'Afrique (Nepad). “Elle constitue une base et un cadre de travail adéquats pour relever ces défis… Le programme du Nepad accorde une place de choix à l'intégration et au développement énergétique du continent. Il privilégie ainsi la coopération régionale et continentale basée sur une mobilisation des potentialités et des capacités africaines, mais offre des opportunités de partenariat, sur des projets d'envergure avec des opérateurs non africains”. Tel est le cas du projet phare, le gazoduc transsaharien entre le Nigeria et l'Algérie. “Si notre continent connaît la plus forte croissance de la production pétrolière de son histoire, avec de nouveaux producteurs, il enregistre en même temps l'un des taux de consommation par habitant des plus faibles au monde. C'est afin de sortir de ce paradoxe que le 37e Sommet de l'OUA a créé l'Afrec pour faire de l'énergie un vecteur de développement et d'intégration sur la base de nos complémentarités”, a ajouté le ministre. Le chemin s'avère long. C'est pourquoi la déclaration adoptée par les 21 ministres présents et les représentants des autres pays membres appelle l'Afrec, le Nepad, la Banque africaine de développement et les autres banques régionales à accélérer la mise en œuvre des activités pour le développement et l'intégration énergétique en Afrique. N. Ryad