La qualité des constructions en Algérie revient souvent sur le devant de la scène et est au centre des préoccupations des pouvoirs publics mais aussi des professionnels à charge de cette question surtout après le séisme de Boumerdès en mai 2003. La qualité des ouvrages bâtis, qu'ils soient des bâtiments, des barrages ou d'autres infrastructures nécessite forcément une bonne qualité des matériaux de construction utilisés mais aussi une main d'œuvre qualifiée capable d'exécuter des ouvrages à la perfection. Autour de ce thème s'est déroulé, hier, au centre de Thalassothérapie de Sidi Fredj un atelier sur la qualité des matériaux dans la construction parasismique, organisé sur l'initiative du Groupement Bâtir (groupement de concepteurs, promoteurs et producteurs du Centre). Cette rencontre, qui a regroupé les producteurs de matériaux, les fabricants de produits, les promoteurs de nouveaux procédés constructifs et les concepteurs (bureaux d'études, laboratoires, organismes de contrôle…) a été organisée en collaboration avec le Centre du génie parasismique (CGS) et le Centre national d'études et recherches intégrées en bâtiment (CNERIB). Elle se fixe pour objectif de montrer l'importance de la qualité des matériaux dans la résistance aux séismes, d'impliquer les acteurs de la construction dans l'amélioration de la qualité des matériaux et composants entrant dans la construction. Ceci en plus de la création d'une tribune d'experts regroupant des concepteurs, des promoteurs et des producteurs de matériaux afin de trouver la meilleure manière de produire de la qualité, de même que la sensibilisation des producteurs sur l'intégration de nouveaux produits dans leurs processus de fabrication. Dans son mot de bienvenue M. Yahiaoui, porte-parole du Groupement Bâtir, a signalé que les pouvoirs publics ont consenti beaucoup d'efforts dans la construction «mais, malheureusement, les objectifs ne sont pas toujours atteints en matière de coûts, de qualité, de quantité et de durabilité des ouvrages réalisés». «Certes, ajoutera-t-il, le choix inapproprié du procédé de construction adopté y est généralement pour quelque chose, mais la mauvaise qualité des matériaux de construction amplifie les dégâts lors des séismes, gonflent les coûts de réalisation». Justement, à propos des coûts des produits sans qualité, l'enseignant-chercheur Ahcène Amarouche, de l'Ecole nationale supérieure des statistiques et d'économie appliquée (ENSSEA), qui a développé ce thème, a d'abord expliqué les résultats de cette non qualité qui entraîne souvent des coûts supplémentaires mais évoqué les raisons à cela qu'il a résumées en trois points. D'abord le souci d'économie des entrepreneurs à charge des projets, ensuite l'absence de contrôle technique régulier des constructions et enfin l'absence d'obligations techniques dans les cahiers des charges. Tout ceci, signale encore l'intervenant, est le fait de la pression sur le logement et la précipitation dans la réalisation des programmes. Toujours selon ce chercheur, quand on cherche la qualité il y a des surinvestissements à engager pour assurer la durabilité des constructions. Il ne manquera pas d'évoquer les coûts de la non qualité sur le plan psychologique ou social, à savoir le stress dû à un mode de vie inadéquat entraînant parfois des maladies à cause par exemple de la promiscuité. Pour sa part, M. Hamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes dira qu'«il n'y a pas de matériaux idéaux mais une main de félicité idéale». C'est-à-dire une main qui permet une meilleure pose du matériau, ajoutera-t-il. Ce spécialiste veut dire que la réalisation du bâtiment avec maîtrise compte beaucoup. «On a de très bons matériaux mais quand la pose fait défaut...». Pour lui, le contrôle de l'Etat est dans la formation des stagiaires, qui doivent être pris en charge sur le terrain, et dans la supervision des travaux. Cela a une importance capitale. M. Boudaoud insiste sur la nécessité de suivi, de contrôle et de surveillance des chantiers par les architectes qui sont les concepteurs si l'ont voudrait avoir de la qualité. Les travaux de l'atelier se poursuivront aujourd'hui. B. A.