Les premiers résultats de la commission d'enquête ne devront pas tarder à atterrir sur le bureau du président. Les premières têtes commencent à tomber en Turquie après le séisme du 1er mai dernier ayant fait 176 victimes dont 84 enfants et leurs professeurs ensevelis sous les décombres alors qu'ils dormaient dans un pensionnat au village de Celtiksuyu. En effet selon le quotidien turc, Hurriyet, un ingénieur, chargé du contrôle des bâtiments effondrés lors du tremblement de terre de Bingol, dans le sud-est de la Turquie, région la plus touchée, a été mis sous les verrous alors que sept autres sont recherchés. L'ingénieur était responsable de l'inspection d'une maison où un sous-officier avait perdu la vie lors du séisme d'intensité 6,4 sur l'échelle ouverte de Richter. Un rapport d'experts présenté au procureur de Bingol après l'ouverture de son enquête le 5 mai dernier démontre que l'effondrement des 11 constructions et du pensionnat est dû à un manque de matériaux et à des erreurs de conception, selon le journal. Le séisme avait relancé une polémique sur le non-respect des normes de construction et la corruption qui touche notamment ce secteur, les bâtiments publics étant souvent les premiers à s'effondrer lors de séismes. Un séisme d'intensité 7,2 sur l'échelle de Richter ayant fait quelque 20.000 morts le 17 août 1999 avait déjà désigné comme principaux responsables des pertes élevées en vies humaines, les entrepreneurs turcs dont l'un d'eux, constructeur d'habitations où avaient péri près de 190 personnes, est toujours en jugement, mais libre. Le parallèle peut aisément être fait avec ce qui s'est passé en Algérie avec le séisme de mercredi 21 mai qui avait causé, selon un bilan provisoire, plus de 2268 morts et plus de 300.000 sinistrés. Les raisons invoquées par la vox populi désignent directement les entrepreneurs et les importateurs de rond à béton. Un matériel importé d'Ukraine et contaminé par les radiations émises par l'explosion de l'usine de Tchernobyl. D'ailleurs, sur décision du Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, une douzaine d'experts de la commission d'investigation sur l'effondrement des bâtisses à la suite du séisme du 21 mai, installée par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, s'est rendue mercredi sur le terrain à Boumerdès pour une enquête plus approfondie sur la vérification des «sols choisis pour la construction, la qualité des études de sol, le respect des normes techniques et le respect du Règlement parasismique algérien (RPA).» La comparaison entre les immeubles ayant subi de légers dégâts et ceux qui se sont effondrés, permettra d'enquêter sur les constructions douteuses et d'engager des poursuites judiciaires sur la base de l'existence de preuves convaincantes. En attendant le résultat final de la commission d'enquête qui devra rendre ses conclusions et les remettre au Président de la République et au Chef du gouvernement au plus tard dans une quinzaine de jours, certaines entreprises étatiques et privées sont pointées du doigt. Les conclusions finales de la commission devront dégager la responsabilité de tout un chacun dans cette catastrophe et démontrer la culpabilité et la négligence ayant provoqué la mort de milliers de personnes par négligence. Le séisme a relancé la polémique sur le non-respect des normes de construction en Algérie et la corruption qui touche le secteur du bâtiment. Des mesures doivent être prises par les pouvoirs publics pour renforcer la législation et lutter contre la corruption qui reste une plaie de la société. Pour ce faire, le gouvernement entend, à l'avenir, renforcer les inspections sur les chantiers et s'assurer que les assurances obligatoires ont bien été souscrites pour faire face à ce type de catastrophe. L'assurance contre les tremblements de terre sera obligatoire. Les bâtiments publics sont souvent les premiers à s'effondrer lors de séismes, en raison de nombreux abus dans l'attribution et la réalisation de ces contrats. D'ailleurs, des mesures seront prises pour un meilleur contrôle de la résistance des bâtiments.