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Toujours en quête de promoteurs culturels
Constantine
Publié dans La Tribune le 10 - 12 - 2009

De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi
Dans l'un de nos précédents suppléments sur la formation et le recyclage du personnel de la culture nous évoquions la faiblesse des acteurs et animateurs relevant du secteur en décalage avec la demande de la société. Aussi, nous relevions leur incompétence, voire leur tare, quand il s'agit de remplir un calendrier d'activités culturelles et artistiques en continu qui réponde non seulement à la demande de la culture officielle mais aussi, et surtout, aux besoins des citoyens. Autrement dit, intervenir en dehors des dates commémoratives. Des auteurs, artistes ou autres personnalités nationales qui ont contribué à «l'émergence» du mouvement culturel en Algérie n'entendraient pas cette activité occasionnelle de la même oreille. Mieux, ils n'auraient pas enfermé la culture dans un microcosme prédéfini pour enserrer leurs lettres ou leurs œuvres sous quelque forme qu'elle soit. Leur vœu est de voir se concrétiser la diffusion, la promotion et la socialisation de la culture qui permet de véhiculer le savoir dans les lieux excentrés des cercles du chef-lieu, de la ville ou des centres urbains. Certains tenteraient de justifier ces retards dans la socialisation de la culture en évoquant le manque d'infrastructures. Que nenni ! Et c'est là que le bât blesse. Car, d'Aïn Smara à Didouche Mourad au Khroub, il existe toujours un espace au niveau de chaque municipalité qui pourrait devenir un centre culturel. Même au niveau des quartiers de la ville, on peut trouver des espaces que la culture pourrait récupérer pour se rapprocher des citoyens. Ce qui manque pour rendre ces lieux opérationnels à longueur d'année, c'est en fait la volonté, les initiatives qui sont les prérogatives des responsables d'abord, notamment au niveau local, et peut-être aussi quelques moyens financiers. Car la culture a toujours et encore besoin d'argent. La direction de la culture détient pour sa part un rôle assez important pour donner l'exemple en raison de son intéressement à alimenter ces lieux souffrant de solitude culturelle. Et, à en croire les responsables, elle a les moyens de le faire, même si un plus ne serait pas de trop pour une animation culturelle 12 mois sur 12. Mais, en dépit de sa vocation à caractère culturel, la capitale de l'Est est mal lotie quand il s'agit d'animer les quartiers, villages et banlieues périphériques. La léthargie est encore là même si la tutelle a institutionnalisé les festivals propres à chaque cité et a enclenché une kyrielle de manifestations extra-muros traduites par les semaines culturelles des wilayas. Car, là encore, faudra-t-il attirer la population et la convaincre de l'importance de ces cultures du terroir. Ces semaines culturelles se déroulent la plupart du temps dans une indifférence presque totale au niveau du palais de la culture Malek Hadad où l'on relève une présence assez timide de la population. Pour cela, il faut évoquer le rôle de la médiatisation et de la promotion de ces actions passées en sourdine et sans traitement de fond si l'on en excepte leur ouverture officielle par les responsables locaux. Une fois que le cortège officiel inaugure la manifestation et quitte les lieux, un bon nombre lui emboîteront le pas tandis que les hôtes enclenchent le compte à rebours sur leur séjour… en l'absence d'un engouement des citoyens. Dans un autre chapitre, il importe de souligner l'action au point mort des différentes associations culturelles qui défendent mal cette culture en jachère. Versées dans des opérations en inadéquation avec le souhait local, le mouvement associatif se meurt sans osmose avec la société à laquelle il tourne le dos pour ne regarder que du côté des pourvoyeurs de fonds. Et les quelques initiatives entreprises ne sont pas planifiées et médiatisées. Aussi les actions passent-elles souvent inaperçues et manquent leurs objectifs, si tant est qu'elles en aient. Cette situation pousse la majorité de la jeunesse locale à «étancher sa soif» en fréquentant les cybercafés et/ou le Centre culturel français qui maintient une rotation permanente de ses activités avec un programme varié préconçu. Mais, ce substitut, quoique bénéfique, n'est pas en mesure de prendre en charge tous les goûts ni la demande de la jeunesse dont les orientations et les besoins sont divergents. Ce qui revient à dire que chaque espace culturel devrait être exploité à bon escient et spécifiquement pour élargir cette notion culturelle et artistique et, enfin, permettre à chaque curieux de s'exprimer selon ses besoins et faire le plein de connaissances. Tant que les salles de lecture et autres bibliothèques régionales sont confondues avec des classes d'examen où les élèves préparent leur concours, il est improbable que la culture soit réellement réfléchie en un apport cérébral supplémentaire. Ou, à plus forte raison, une passion à laquelle on s'adonne à fond. C'est du ressort de l'office de wilaya d'établir des mécanismes afin de coucher des programmes qui fassent retentir le livre, la danse, la poésie, la lecture, le théâtre, la musique… dans chaque aire dévouée à cette panoplie. Sous un autre angle, lorsque les esprits chasseront la donne relative à l'institutionnalisation de l'acte culturel, des ersatz fusent assurément. La tutelle aura, d'un côté, vu juste en ratifiant les festivals qui engendrent des impacts sur la société. De l'autre, elle vient de casser les bras des mécènes qui n'ont pas le flair des «affaires» mais de la promotion de la culture. Cette éraflure est d'autant plus perceptible dans le milieu qu'elle génère une culture solitaire… bénéfique à son auteur. Donc loin de la socialisation.


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