De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi On s'y approvisionnait jusqu'à la fin des années 1980. Les Souks el fellah répondaient à la demande locale par l'abondance des produits, même cédés par vente concomitante. La population ne se lassait pas pour des files à longueur de journée afin de décrocher les 5 litres d'huile ou des boîtes de tomate, en temps de pénurie. Les supérettes n'avaient pas de place dans une cité où était implanté un Souk el fellah pratiquement dans chaque banlieue. Mieux, les évènements de Constantine de 1986 n'avaient pas ébranlé les centres commerciaux du centre-ville : les travailleurs s'y opposaient aux casseurs. Cependant, la résistance des marchés s'était effritée à l'issue des liquidations entrées dans le cadre des holdings. La métamorphose des espaces en société par actions (Spa) au profit des travailleurs n'aura pas son dernier mot sur l'amateurisme qui y régnait. En effet, le manque de formation et d'informations a contraint les bénéficiaires à geler leur activité après une brève et infructueuse expérience. L'absence de conseil d'administration et autres disciplines de gestion a précipité la disparition au sein des néopropriétaires. Il n'empêche que l'assainissement du dossier relatif à ce sujet a été effectué sans tache d'huile, attestent les responsables de l'UGTA de Constantine qui se félicitent d'avoir géré ce lourd tribut sans «avoir eu au retour une quelconque réclamation émanant des associés» contrairement à d'autres wilayas qui «peinent, jusqu'à ce jour, à trouver une issue pour ces grands commerces». Il faut savoir que la cession, voire la vente des ex-propriétés des travailleurs à des privés, s'est achevée sans problème apparent. «Au moins 600 ex-travailleurs ont bénéficié de leur droit sans aucune réclamation de ces derniers. Ils ont voulu vendre et ils l'ont fait. C'était leur choix», a révélé le secrétaire général de l'Union nationale des travailleurs algériens de wilaya, M. Rahma en l'occurrence. On avance, cependant, qu'auparavant, l'opération de liquidation s'était effectuée dans des conditions pour le moins confuses. «La commission ne rendait pas compte, car elle n'avait pas de structure inhérente au holding. C'est du passé !» indique la même source. Au passage, il importe de signaler la présence de deux unités parmi les «bradées» qui subsistent : la Spa Zighoud Youcef (ex-Biron) et la SNIC, deux établissements sis à la rue de France, et qui continuent à braver la prolifération des magasins in, quoique ces deux Spa aient pignon sur rue. Dans le même endroit, se trouve l'ex-Galeries de Constantine, la plus importante au niveau de la circonscription. De fait, avec ses étages et ses sous-sols, cet espace, propriété de la wilaya et qui faisait travailler le plus de personnel, s'est métamorphosé en 2005, après une restauration et un remue-ménage, de centre à microentreprise. Vingt-cinq établissements du genre s'y trouvent sous le dispositif de l'Ansej. Cybercafé, bureau d'études d'architecture, maintenance téléphonie, décoration… sont les activités parmi d'autres qui animent cette ancienne bâtisse. A vrai dire, c'est le seul endroit parmi toute cette furia d'«aires commerciales publiques» qui a profité à la jeunesse en attendant d'autres solutions. Une première plane sur la vocation du centre de Djenane Ezzitoune, régi actuellement par la commune. Pour l'heure, il ne sert que de point d'expositions tous azimuts puisque la capitale de l'Est affiche un déficit en matière de grandes salles dédiées à cette activité. Cependant, le maire fera part de la restauration prochaine des lieux sans préciser la vocation qui leur sera attribuée, c'est-à-dire servir de location au secteur privé ou public. Sinon, épouser une nouvelle forme : celle de rentabiliser «l'ex-souk» en créant d'autres créneaux d'activité rentrant dans le cadre de l'Ansej. C'est le silence absolu là-dessus ! La commune ne pourra prendre une décision sans l'aval du chef de l'exécutif en dépit d'être gestionnaire… Un autre oublié de la mutation attend aussi sa destinée : Le Globe ! Toutes les supputations sont bonnes quant à l'avenir de cette surface qui suscite de la convoitise en sourdine. Aux dernières nouvelles, on apprend que ce bien de la wilaya va servir de centre d'art, donc récupéré par la direction de la culture. Cette information a été, en outre, certifiée dernièrement par le directeur de la culture, M. Nettour, indiquant que «la direction se félicite d'avoir bénéficié de ce grand espace en vue d'y dresser ses galeries d'art, structures qui manquaient à la ville». Du moins, tant que le grand portail n'aura pas encore été ouvert au grand public, le doute planera sur cette attribution. En somme, la liquidation des Souks el fellah dans la wilaya de Constantine a fait le bonheur des travailleurs qui ont vendu mais a sanctionné dans la foulée, sans le savoir, la jeunesse au chômage. En fait, on estime qu'il y avait décalage entre la mise en place des nouveaux dispositifs de résorption du chômage et les holdings…