De notre envoyé spécial à Batna Amirouche Yazid Les premières présentations théâtrales servies au public qui accompagne depuis jeudi soir le Festival national du théâtre amazigh ont connu un franc succès. Un public nombreux assiste en effet aux spectacles des différentes troupes qui participent à cette première édition. La pièce Algham abouhali (le chameau naïf), présentée dans la soirée de vendredi dernier a accroché le public venu découvrir la première œuvre théâtrale que réalise le Théâtre régional de Batna en langue amazighe depuis sa construction en 1985. Ecrite par Salim Saïfi et mise en scène par Salah Boubir, la trame de la pièce s'articule autour d'un jeune qui s'égare dans les incertitudes du désert.Fares, c'est de lui qu'il s'agit, ne sera retrouvé qu'après plusieurs années. Après la joie des retrouvailles exprimée par les parents, les interrogations font jour et le courant ne passe plus comme avant entre le revenant Fares et ses parents. Ces derniers n'arrivent plus à comprendre le comportement de leur fils dont le changement est plus que visible aussi bien dans sa façon de s'habiller que dans sa perception de la vie. Une problématique de références identitaires se pose dès lors à lui, avec une soif permanente de ressourcement culturel. Présenté dans un décor d'autrefois, où se côtoient la selle, le bendir et la gandoura, le scénario n'a pas manqué de susciter l'hilarité de l'assistance subjuguée par le contraste qui caractérise le discours de Ferhat, le père de Fares. Aucune question ne dérangeait auparavant Ferhat jusqu'à cet instant où il demanda un journal en tamazight. Une demande qui ne sera pas satisfaite. Dans un rêve, il voit son fils Fares et son frère M'hand –dans une autre posture- prendre le large pour fuir. Mais fuir qui et quoi ? En vérité, il veut fuir sa propre identité. Pour chercher quoi ? Trouver une autre identité et une autre culture. Simultanément, M'hand renvoie à son frère Ferhat une image de quelqu'un qui véhicule ses traditions, mais aussi de quelqu'un qui peut faire du mal. Message de Algham abouhali : tout développement prend forme à partir des origines. L'auteur du texte, Salim Saïfi, a choisi de construire son message sur un cauchemar qui libère beaucoup de nos vérités. La pièce a été précédée de celle de l'association culturelle Ithouran de Tizi Ouzou Tacarit N Hend N jedi. L'association culturelle et scientifique d'Aghbalou, de la wilaya de Tizi Ouzou a présenté par la suite le Semeur de sel. Hier, les planches ont été libérées pour Loundja de la troupe Hamid Bentayeb de Tizi Ouzou, Tacherbet nalche de Ghardaïa et Business is Business du Théâtre régional de Tizi Ouzou.A noter que deux conférences ont été animées en marge de l'événement. La première a été animée, à l'hôtel Echelia, par Salim Souhali sous le titre «l'emploi du patrimoine dans le théâtre». Mohamed Merdaci a évoqué, pour sa part, dans la deuxième conférence «l'argot dans la langue amazighe».