Photo : La Tribune De notre envoyé spécial à Batna Amirouche Yazid Avec la présentation, hier, de la pièce Ajamadh N tarjain (la bande des rêves) du théâtre régional de Batna, les comédiens ont dit leur dernier mot dans la première édition du festival national du théâtre amazigh en attendant de se retrouver dans la seconde édition qui s'annonce plus exigeante. Pour une première édition, c'est une réussite dans la mesure où l'objectif visé par les organisateurs a été atteint. La preuve n'est autre que cette adhésion visible de la population pour le théâtre amazigh. L'événement aura ainsi permis aux algériens de visiter la longue marche du pays racontée par le théâtre et exprimée dans la langue maternelle. Jusqu'à jeudi dernier, il ne restait que l'évaluation et le jugement des membres du jury qui devait se prononcer pour l'attribution des prix. Sur les 17 pièces inscrites au programme, une seule a été annulée. C'est celle de l'Institut supérieur des métiers et des arts du spectacle (ISMAS), intitulée Assiwel. Motif : le directeur de l'institut ne voulait pas lancer sa troupe dans la compétition puisqu'il fait partie du jury du festival. En plus des 16 pièces proposées sur les planches du théâtre régional de Batna et de la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa, quatre autres œuvres ont visité les daïras de la wilaya de Batna. C'est ainsi que Seriana, Aïn Touta, Arris et El Madher ont noué le contact avec le théâtre amazigh. Le chargé des relations extérieures et de la programmation, Seghir Djamel, a souligné que «le festival a été une réussite sur le plan de la programmation puisque toutes les conditions ont été réunies pour mettre à l'aise tous les participants. A titre d'exemple, je vous signale que la troupe de Ghardaïa qui est arrivée jeudi à 5h du matin a vite été prise en charge. Et au moment du spectacle, ses comédiens ont répondu présent sur la scène». Cette troupe s'est, en effet, produite dans l'après-midi de jeudi dernier à la maison de la culture devant une assistance moyenne. La troupe de Ghardaïa a proposé la pièce Tacherbet neltech, à travers laquelle est exposée la problématique du fait culturel dans l'ère de la mondialisation. C'est la posture de l'Algérien qui est ainsi traduite entre le désir de préserver son patrimoine et sa quête d'une place dans le nouvel ordre. Une question est dès lors posée : la nécessité de préserver le patrimoine culturel est-elle une responsabilité individuelle ou collective ? Dans un dialogue qui interpelle la raison, la trame de la pièce présente le personnage Behous comme le chasseur de la civilisation algérienne. Il réussit avec malice à vider toute une localité de ses références matérielles. Il a été aidé par l'insouciance qui a atteint la population locale, y compris sa sphère intellectuelle. Interprétée par cinq comédiens et sur une durée d'une heure, la pièce, écrite par Karim Belhadj et mise en scène par Mustapha Djehlane, invite l'individu à tenir son rôle dans la préservation de l'histoire ancestrale du pays. La soirée de mercredi dernier a vu par ailleurs le Théâtre national algérien présenter Fadhma, mise en scène par Omar Fatmouche. Interprétée par Zira Tanaslit et accompagnée par la douce musique de R'hima Khelfaoui, la pièce libère la colère de Fadhma contre l'ordre, le népotisme et la médiocrité. Fadhma, seule contre tous, symbolise la conquête de la liberté et de la citoyenneté. «Nous voulons à travers ce personnage symbolique dire que les grands moments de ce pays, c'est aussi l'œuvre de femmes anonymes et exceptionnelles. Fadhma revendique à sa manière sa part de poésie dans un univers où la parole est synonyme d'acte», a estimé Omar Fetmouche, le metteur en scène de la pièce de M'hamed Benguettaf. Pour le scénographe Yahia Benamar, «Fadhma donne libre cours à son cri en alignant ses moments d'amour, de bonheur et de malheurs». La soirée d'hier a été celle de la clôture du festival dont la majorité des participants tirent un bilan positif au vu de la dynamique créée autour du théâtre amazigh, mais aussi compte tenu de l'opportunité offerte à plusieurs troupes de produire et de s'exprimer pour la première en tamazight. Les comédiens et les producteurs, satisfaits du déroulement comme de l'impact de la manifestation, promettent une deuxième édition meilleure. Des personnes ayant œuvré pour le théâtre amazigh ont reçu, par ailleurs, des prix et des attestations honorifiques. Il s'agit de Merdaci Mohamed, de Hamida Aït El Hadj, de Sassi Abdi et de Tibermacine Fekhani.