De notre correspondant à Constantine Nasser Hanachi Le portail du «sérail culturel» à Constantine s'entrouvre déjà… difficilement par le nombre en régression de ses visiteurs en pleine période d'activité sociale. Toutefois, ce château est presque livré à lui-même en période estivale. L'animation de détente et d'apprentissage spirituel cède la place au bricolage pour meubler un vide laissé par le manque d'imagination et de créativité. Le substitut par excellence de cette nuance appelle la facilité et conforte par ricochet «la médiocrité». Le trou culturel est amplement «emballé» par l'organisation de soirées légères au théâtre de verdure qui fait défiler des «chebs» pour apaiser la soif d'une frange de la jeunesse et de familles en quête de défoulement. Mais il paraît que l'on n'aurait pas songé à sortir du ghetto une autre espèce qui cherche par-dessus tout l'enrichissement des neurones ! Certes, la bascule tend vers la majorité absolue, mais faudrait–il équilibrer l'animation pour permettre à chacun d'y trouver son bonheur. Avec ses deux centres culturels El Khalifa et Malek Haddad, Constantine pourrait bien inventer d'autres «amuse-cerveaux d'été» d'autant que le budget alloué à ces deux «maisons» par le ministère semblerait être en adéquation avec les prestations fournies. Il n'en est rien ! Faudra-t-il répondre à une seule politique, celle des festivals institutionnalisés comme ceux du malouf ou de Dimajazz, qui tentent de cohabiter dans un espace plus prisé par l'Andalousie que par la Nouvelle-Orléans ? Autrement dit, rester coller aux basques de la tutelle pour jouer aux commis culturels. Et pourtant, l'éventail est large, l'improvisation a parfois son charme. Cela dit, il est inélégant surtout de la taquiner (l'improvisation) au risque de courroucer les géants du jazz ! L'approvisionnement dernièrement des 12 communes de la wilaya en ouvrages ne donnera pas l'intention à celles-ci de changer de vision sur la confection d'un programme culturel spécifique à la saison. En fait, l'initiative à méditer devrait prendre naissance à Constantine, seule référence des autres localités qui pourrait booster l'animation culturelle au sens de «l'alimentation de l'esprit» et non des oreilles par des décibels aussi brouillons que dissonants. Ce n'est pas le cas du conseil culturel au niveau de l'APC, qui vient suppléer à l'ancienne appellation, le comité des fêtes, encore moins des suggestions au niveau de la culture en rapport avec des associations qui font de Constantine une ville animée culturellement en été. «Mon animation culturelle d'été se résume en l'achat d'un livre et de le lire tranquillement chez moi pendant les heures de sieste», a résumé son désir d'été un sexagénaire qui connaît parfaitement la ville et ses multiples variations. Un autre jeune universitaire déplorera l'absence de «lieux de rencontres pour échanger des idées sur des expériences artistiques ayant trait à la musique, l'écriture poétique, ou la peinture». De fait, par moment on se demande à quoi servent ces palais de la culture. Heureusement que le conservatoire dispense quelques cours pédagogiques. A Constantine, on projette d'édifier un opéra ! Voilà une idée locale qui ne semblerait pas pour l'heure trouver écho auprès de Khalida Toumi. A qui serait destiné cet odéon ? Aux barytons ou aux ténors ? Serait-on en train de confondre cet édifice avec «une grande salle d'expo et de spectacle» dont la ville a grand besoin ? Constantine est à la limite de son aptitude à faire tourner ces centres culturels à l'exception du TRC qui s'accroche, du moins par des reprises et des interprétations somme toute «tolérables», sinon le futur opéra servirait de fêtes «folkloriques «dénuées» de la touche académique. L'ambition doit se mesurer à la réalité. Ce n'est pas forcément l'idée de bâtir un tel ouvrage qui va «étoffer» le champ pauvre, mais parfois «cassé» des initiatives culturelles et artistiques à Constantine. Qu'allons-nous produire sur les planches de l'opéra si ce n'est gagner quelques sièges supplémentaires pour éviter des bousculades lors des festivals institutionnalisés ? Il importe de produire autant d'art pour honorer un opéra. Car, rien qu'émettre le vœu de bâtir une telle coupole sans «back ground» en constituerait une «offense». L'urgence est de donner goût à la population de renouer avec les choses ordinaires, élémentaires soient-elles, pour encourager et relancer la lecture, par exemple, au niveau des bibliothèques municipales, prendre connaissance des idées venant des acteurs capables d'assurer un essor à la léthargie culturelle d'été que vit Constantine. La concertation demeure l'outil de toute envolée. Rompre avec l'étiquette éternelle que la distraction estivale à Constantine se nourrit de malouf et d'autres styles musicaux. En réalité, la ville des Ponts comporte plusieurs facettes que seul «l'exercé» est en mesure d'identifier. Une fois que l'on aura répertorié avec proportion toutes les attentes des Constantinois en matière d'art, on pourra jauger le degré de réalisation de ce projet «prétentieux» qu'est l'opéra. En attendant, il est préférable d'assurer un minimum de détente «variée» à la population et non de l'impressionner par des chimères…