Photo : Riad Par Amirouche Yazid Le sport africain vit depuis le mois de novembre dernier une conjoncture particulière qui a marqué le fonctionnement et les décisions émanant de ses instances. Ces dernières font en effet face à des obstacles multiples. Le match de football entre l'Algérie et l'Egypte aura ainsi révélé à quel point un pouvoir politique peut transformer une compétition sportive en une guerre diplomatique. L'insistance du Caire à faire reposer tout son avenir politique sur le football a manifestement justifié toutes les dérives commises. Pour créer un ennemi externe, le régime égyptien a exercé un conditionnement sans précédent sur la population qui a fini par croire en ses propres mensonges à force de les répéter. Les conséquences de «la troisième mi-temps» d'un match de barrage a même envahi une autre discipline, le handball en l'occurrence. La tenue de la 19e édition des Championnats d'Afrique de handball a fait couler beaucoup d'encre et de salive et ce, dans tous les pays concernés par cette joute. Face à des injonctions persistantes des décideurs politiques, la Fédération égyptienne de handball n'a pas résisté longtemps avant de lâcher très officiellement son désistement à organiser le tournoi avant de se rétracter par la suite. Nul doute que la décision a été dure à prendre surtout quand on sait que l'Egypte s'est exposée à de lourdes sanctions de la part des instances internationales. Mais le sport n'y peut manifestement rien face à l'autoritarisme, quelle que soit sa forme. Dans de telles situations, les fédérations sportives deviennent de véritables gouvernements parallèles avec une incapacité affligeante à résister devant des décideurs politiques qui, dès lors, investissent dans le sport pour cacher leur échec. Tant de régimes trouvent en effet refuge dans le sport. Particulièrement le football, la discipline la plus mobilisatrice des masses. La population égyptienne et les fédérations sportives de ce pays se sont retrouvées suspendues aux discours et visées du régime. Ce qui a ajouté beaucoup de discrédit à des instances nullement à l'abri de soupçons. Il était déjà établi que les instances sportives dans les pays sous-développés peinent à avoir un minimum d'autonomie autant dans ce qui a trait au fonctionnement que de ce qui relève du financement. La conjoncture actuelle vient incontestablement de prouver comment les pouvoirs politiques sont prêts à lier leur avenir -celui du pays par extension- au résultat d'une simple rencontre de football. Le rappel à l'ordre contre ce genre d'immixtions relève, du moins théoriquement, des devoirs et prérogatives des hautes instances internationales. La bataille semble être perdue d'avance dans la mesure où ces instances, présentées comme très puissantes, demeurent curieusement aux ordres d'autres cercles d'intérêts politico-financiers. La Fédération internationale de football ainsi que la Confédération africaine de football sont en train de faire l'objet de moult critiques et remises en cause de plusieurs acteurs. A quelques semaines du début de la Coupe d'Afrique des nations, l'instance présidée par Issa Hayatou ne sait plus sur quel pied danser.Idem pour la FIFA -dont le nombre de pays affiliés dépasse celui de l'ONU- qui a perdu de sa sérénité à quelques mois du coup d'envoi du Mondial sud-africain, le premier que va abriter le continent africain. Loin du discours de satisfaction que tiennent certains dirigeants, il y a des voix discordantes qui s'élèvent pour exiger la réhabilitation des valeurs du sport. Il exigent que l'argent qui circule dans le monde du football profite plus aux footballeurs et à l'image qu'ils véhiculent au sein des peuples.