Photo : Riad Par Amirouche Yazid Le déroulement du Championnat national de football dans son premier palier souffre de la problématique de la programmation qui pose des soucis de façon régulière aussi bien aux instances chargées de cette mission qu'aux dirigeants de club et à leurs techniciens. Pour établir un programme fiable, et tenant compte de tous les paramètres, la Ligue nationale de football rencontre d'énormes difficultés comme cela vient de se passer pour le match MCA-USMA, un rendez-vous que l'instance que préside Ali Malek n'a pu trancher concernant le lieu de son déroulement. La faiblesse des instances et les limites du pays en matière d'infrastructures sportives de qualité se sont conjuguées pour rendre plus complexe la question de la programmation. Cette dernière devient davantage difficile à élaborer dans d'autres conjonctures. Il s'agit précisément des sessions des compétitions régionales et continentales auxquelles des équipes algériennes prennent part. Dans un passé pas si lointain, la Fédération et sa Ligue ne trouvaient pas beaucoup d'aléas pour programmer une journée sans donner aux uns et aux autres les raisons de crier à un supposé privilège. Il n'y a pas si longtemps, le nombre des équipes algériennes autorisées à participer à la Ligue des champions d'Afrique ne dépassait pas une équipe. Ce n'est plus le cas présentement : deux clubs partent représenter les couleurs nationales dans cette compétition qui ne nous sourit pas, hélas. La même équation caractérise la deuxième compétition du continent, à savoir la coupe de la Confédération africaine de football. Le passage de deux ambassadeurs à quatre n'est pas fait pour faciliter la tâche des instances tenues à des réaménagements récurrents dans son programme. Mais, incontestablement, c'est l'avènement de la Coupe arabe dans sa nouvelle formule qui porte, depuis, un coup dur à la programmation de la saison footballistique. La raison en est que le tournoi s'inscrit dans la durée. Organisé sous la forme d'un mini-championnat dans lequel chaque équipe joue six rencontres très proches l'une de l'autre, les équipes algériennes qui s'engagent dans cette épreuve se déclarent souvent incapables de jouer sur les deux fronts. Et quand l'équipe qui représente l'Algérie passe aux tours avancés comme a l'habitude de le faire l'Entente de Sétif, les aléas de cette compétition sur la programmation nationale deviennent encore plus difficiles à supporter. Conséquence : les équipes concernées revendiquent le report de leurs matches. Des demandes que la Ligue ne peut satisfaire tout le temps, d'où la naissance de polémique entre présidents de club et la Ligue, ou bien entre des présidents de club qui ont manifestement trouvé la bonne parade en évoquant «le complot», la «hogra» dès que la décision prise ne les arrange plus. «Je dénonce, donc je préside» Il y a lieu de souligner que des dirigeants recourent parfois à des arguments absurdes pour justifier la demande de report. Quelques-uns n'hésitent pas à s'appuyer sur la liste du sélectionneur national qui contient trois noms des joueurs de leur équipe pour exiger le report du match de la journée suivante. Pourtant, une équipe est bien composée d'un effectif de plus de 24 éléments. Il n' y a pas de raison qu'une équipe qui part à la conquête d'un titre continental soit sérieusement handicapée par la défection de trois de ses joueurs. Tout le monde est pourtant convaincu que les joueurs aptes à faire la différence dans un match décisif ne courent plus dans nos stades. Les joueurs algériens sont tellement d'un niveau égal qu'on ne doit pas évoquer le favoritisme d'une formation au détriment d'une autre. Nul n'ignore que ce genre de sortie de la part des présidents n'a d'objectif que de cacher leurs errements et autres maladresses en matière de gestion d'un club sportif. Il est surprenant d'entendre un président d'une équipe se targuer d'avoir réussi son marché d'été en recrutant les éléments les plus en vue et se plaindre de la charge de programme dès que la Ligue impose à son équipe de disputer deux rencontres en une semaine. Ne perdons pas de vue, cependant, que la finalité de la dénonciation et de la montée au créneau, pour ainsi reprendre la formule médiatiquement consacrée, est tout autre. Dans la majorité de ces sorties, qu'on tient souvent à ce qu'elles soient fracassantes, leur auteur cherche en premier lieu à rappeler à l'opinion qu'il est le président de tel club. A défaut, donc, d'être cité dans une opération d'intelligence ou de pertinence managériale, on s'impose par le bruit et les dérives langagières. Nos chers présidents semblent ainsi adopter la politique de tout critiquer et de tout remettre en cause afin de justifier les postes qu'ils occupent. Alors que leur rôle consiste à doter les clubs d'un fonctionnement digne des associations professionnelles, ils son en train de cumuler d'inutiles déclarations à propos de questions qui sont naturellement loin de pouvoir changer le cours des choses. Déliquescence de la Ligue nationale A la décharge des présidents, leur tendance à intervenir dans tout ce qui se fait dans le monde du football trouve sa source dans l'état de déliquescence dans lequel s'est installée la Ligue nationale de football. Cette dernière s'est montrée, en effet, juste capable de programmer une journée de championnat pendant une période qui, de préférence, ne sera pas inférieure à quinze jours. Sinon, l'opinion sportive sera tenue de suivre la série de communiqués que rendra publique l'instance présidée par Ali Malek. En se révélant inconstante, inconséquente, peu sûre d'elle, la Ligue nationale a installé un climat de désobéissance entre elle et les dirigeants de club. Le cumul de décisions contraires de sa part a visiblement accentué le rythme de son déscrédit. Si, aujourd'hui, elle peine à exercer son autorité, c'est qu'elle a failli dans sa mission initiale, à savoir assurer une programmation fiable, qu'elle est tenue de respecter d'abord, et de faire respecter ensuite. Après quelques journées seulement de championnat, la Ligue, appuyée -négativementpar des présidents de club, a créé plus d'une affaire qu'elle pouvait aisément éviter si elle avait gardé un minimum de bon sens dans la gestion de affaires. Le climat va certainement se détériorer avec l'entrée en lice des formations algériennes en Coupe arabe, une compétition qui, manifestement, intéresse tous les clubs puisqu'elle permet d'engranger d'importantes sommes d'argent. Le comble est que le nombre de clubs algériens engagés dans cette épreuve ne cesse de croître jusqu'à atteindre trois comme c'est justement le cas pour la présente édition. Il est certain que le double succès de l'Entente de Sétif a aiguisé les appétits des responsables. Mais avant de s'inscrire dans une pareille représentation, il faudrait au préalable s'assurer de pouvoir assumer les aléas et les imprévus du parcours et éviter de crier sous tous les toits au «sabotage» dès que l'équipe est obligée de jouer deux rencontres en une semaine.Le football national se porterait mieux avec des présidents de club qui n'agissent pas en charlatans ni en «berrah», et une Ligue nationale fonctionnant avec un minimum de bon sens. Autrement, ce serait le règne des incompétents qui ont le génie de susciter d'interminables querelles.