Photo : Riad Par Youcef Salami L'Algérie travaille actuellement à l'élaboration de la «liste négative» de produits importés de pays arabes dans le cadre de la zone de libre-échange interarabe, un espace régional auquel l'Algérie a adhéré en janvier 2009. La liste dont il est question comportera sept cent quarante-huit positions tarifaires. Elle sera établie par une commission où siègent des organisations patronales, les ministères de PME/PMI, du Commerce et de la Pêche, entre autres. La «liste négative» n'ouvre pas droit à des exonérations douanières. Elle sera établie sur la base d'un ensemble de critères, dont celui relatif à la préservation de la production locale, l'atténuation des contorsions dans la concurrence et la balance des paiements. C'est ce qu'a essayé d'expliquer le ministre du Commerce El Hachemi Djaaboub, au cours d'une réunion d'évaluation des zones de libre-échange tenue hier au siège de la Chambre de commerce et d'industrie (CACI), Alger. Le ministre a fait un exposé sur la zone de libre-échange interarabe, un ensemble régional que l'Algérie a intégré par choix politique, assumé, a avancé M. Djaaboub. Ce dernier ajoute que le pays ne s'est cependant pas donné suffisamment de temps pour s'y préparer, contrairement à d'autres pays arabes. On y est entré de manière brutale, sans période de transition, reconnaît-il. L'adhésion s'est faite ainsi dans la précipitation et cela semble avoir produit des conséquences fâcheuses sur la production locale, une situation dont se plaignent d'ailleurs certains opérateurs économiques, aussi bien nationaux que résidents. Qu'on en juge. Avant l'avènement de la zone de libre-échange en question, l'Algérie importait relativement peu des pays arabes. Comparaison entre le 1er semestre 2008 et le 1er semestre 2009 : en 2008, l'Algérie en importait pour cinq cent trente millions de dollars. En 2009, pour 697 millions de dollars, soit une hausse de 31,5%. Ces chiffres ont été soulignés dans l'exposé qu'a présenté El Hachemi Djaaboub à l'occasion de la réunion évoquée plus haut. Y a été mise également en exergue la structure des importations : les équipements et les intrants tiennent le haut du pavé avec 463 millions de dollars, suivis des produits non alimentaires (167 millions de dollars), les produits alimentaires ferment la marche, avec 67 millions de dollars. On peut déduire à la lumière de ces données statistiques que les pays arabes n'accaparent que trois pour cent du marché intérieur algérien, une proportion mince par comparaison aux parts de marchés détenus par l'UE suite à la signature de l'accord d'association liant l'Algérie aux Vingt-sept. Détails chiffrés : l'Union européenne capte 56% du marché algérien. Par pays, la France, à elle seule, détient 17% de parts de marché, l'Italie 11%, l'Allemagne 7%. Le positionnement des pays arabes sur le marché intérieur diffère également d'un pays à un autre. La Syrie accapare 16%, l'Egypte 11%, l'Arabie saoudite 19%, le Maroc 8%. Inversement, l'Algérie n'est pas fortement présente sur ces marchés. En 2009, elle a exporté vers les pays arabes pour seulement 52 millions de dollars. C'est peu. Y aura-t-il équilibre dans les termes des échanges, une fois que la commission citée plus haut aura terminé la «liste négative» ? Le ministre du Commerce presse ladite commission de répertorier les produits à problème importés des pays arabes. La commission a la possibilité de se faire assister par un expert, si c'est nécessaire, en vue de l'élaboration de la «liste négative». Cette dernière sera soumise au final à l'appréciation de la Ligue arabe. Pour que les instances compétentes de la Ligue l'adoptent, il faut un dossier qui ne souffre aucune équivoque, a fait remarquer El Hachemi Djaaboub. En attendant, les importations des pays arabes continuent de faire des mécontents, même si des mesures de contrôle aux frontières ont été prises, ainsi que le souligne le ministre du Commerce qui a révélé que cinquante-neuf cargaisons ont été bloquées, car elles contreviennent aux normes requises dans le cadre de la zone de libre-échange arabe.