L'Algérie a taillé dans la palette de produits importés de pays arabes dans le cadre de la zone de libre-échange interarabe. A priori, la mesure n'a rien d'anti-libérale ; elle est, aux dires de beaucoup, pragmatique, de nature à protéger la production nationale. Et puis, l'Algérie importe plus de produits du monde arabe qu'elle n'en exporte. Résultat, l'équilibre dans le volume des échanges est plus que préjudiciable pour les recettes douanières. La décision été engagée à la lumière d'un constat fait par les services concernés suite à l'accord d'application de la zone de libre-échange interarabe. Il s'est avéré que l'accord tourne à l'avantage de beaucoup de pays arabes, sauf de l'Algérie. Est-ce à dire pour autant que tous les pays arabes disposent d'industries tournées vers l'exportation ? Le paradoxe, et c'en est un, est qu'une bonne partie des pays arabes exportent vers l'Algérie des produits fabriqués dans des pays qui n'ont rien à voir avec le monde arabe. C'est pourquoi, d'ailleurs, l'Algérie avait demandé que soit dûment établi le certificat d'origine. C'est une mesure réfléchie, sauf qu'elle aurait pu être exigée bien avant l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange en question. Indépendamment des incohérences que cet espace de libre-échange a produites, la coopération interarabe, de manière générale, est à repenser, parce qu'elle n'est pas en phase avec l'évolution du contexte international. Ce dernier a été réajusté, développé, pas la coopération interarabe. Des thèmes comme l'Union douanière arabe, la globalisation, la zone de libre-échange arabe, tous les pays arabes en parlent, en théorie. Dans la pratique, peu de choses ont été faites. En théorie toujours, les Etats arabes essayent de dépasser certains clivages politiques et de donner de la consistance aux initiatives économiques, à la coopération, seule alternative face aux ensembles régionaux nés dans le sillage de la mondialisation. Mais les choses en sont toujours au stade de l'intention, des discours. Cette réalité, ce sont les chiffres, têtus qu'ils sont, qui l'illustrent. Les dernières statistiques en date établissent le volume des investissements interarabes à environ quarante milliards de dollars. C'est maigre, par rapport aux énormes potentialités dont disposent des pays arabes, notamment ceux du Golfe. En plus des recettes exponentielles tirées des hydrocarbures, ces pays enregistrent actuellement des gains excédentaires extraordinaires, c'est un capital qui est, cependant, traduit en grande partie en investissements mais dans des pays hors du monde arabe. C'est une situation qu'il faut changer, par le biais d'un volontarisme plus poussé de la part des institutions arabes impliquées dans les domaines économique et commercial. C'est une perspective réalisable ? Dans les débats interarabes, il a été souvent demandé aux quarante et une unions arabes siégeant au Conseil de l'union économique arabe d'œuvrer à favoriser le commerce et les investissements interarabes. Ceux-ci ne constituent que dix pour cent des échanges commerciaux entre les pays arabes et les pays étrangers. Y. S.