De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La situation sanitaire dans les établissements hospitaliers d'Oran est assez inquiétante. Alors que tout le monde se préoccupe de la rareté des produits de prévention et de protection contre la grippe porcine au niveau des pharmacies, les structures hospitalières et sanitaires connaissent une situation déplorable et non moins grave. Les responsables de la santé restent incapables de répondre de manière consciencieuse et rigoureuse aux risques que représente la pandémie de la grippe A. Les urgences médicochirurgicales de l'hôpital d'Oran, désigné comme hôpital de référence pour accueillir les cas suspects de grippe porcine, se trouvent dans un état lamentable. Une courte visite à ce service, hier, nous a permis de découvrir l'étendue des dégâts qui attendent les citoyens dans le cas d'une propagation du virus H1N1. Dans ce service, le personnel, qui a accepté de nous parler sous le couvert de l'anonymat, déplore l'absence de moyens, même élémentaires, de protection. Les masques et autres produits de prévention n'y sont pas disponibles. Cela sans compter les conditions de travail déplorables et assez dangereuses qui prévalent dans ce service. «On ne peut pas assurer que la transmission du virus de la grippe A ne soit pas possible à partir des urgences. C'est-à-dire que dans les conditions qui y prévalent, n'importe quel citoyen, malade ou accompagnateur, peut facilement contracter le virus et le transmettre à d'autres. Ce qui nous mettrait donc devant une situation réellement intenable que d'aucuns ne pourraient affirmer pourvoir maîtriser», affirme un jeune médecin urgentiste du CHU d'Oran. En effet, nous avons constaté de visu que les malades sont entassés dans une salle ne disposant d'aucune norme de sécurité ou de santé requise en pareils endroits. L'hygiène n'est pas, non plus, au rendez-vous dans cet établissement à forte affluence. Autre fait grave, le service de pneumologie, appelé communément «les glatars», se trouve également dans un état lamentable. Le service en question connaît des travaux qui perdurent depuis deux années. Des matériaux de construction jonchent le sol et obstruent l'entrée du service. En fait, rien n'indique que nous sommes en face d'un service aussi important que celui des urgences pneumologiques, surtout en ce moment. Le personnel de ce service, qui «n'a eu de cesse de signaler cette situation déplorable aux responsables», travaille dans des conditions extrêmes. A l'entrée, nous rencontrons un agent de sécurité portant un masque aussi sale qu'incommodant. En face, des patients à visages découverts, en attente de se faire ausculter par un médecin et ne portant aucune protection visible. A l'intérieur, le personnel médical exerce comme il peut, sans protection et sans moyens de prévention ou de protection. Les patients sont auscultés et mis dans une pièce minuscule. D'aucuns s'interrogent sur cette tendance au laisser-aller et au laxisme ambiant de la part de l'administration de l'hôpital et de la DSP face à une pandémie qui menace le monde entier.