Tzipi Livni, ex-ministre des Affaires étrangères et nouveau leader de l'opposition israélienne, ferait l'objet d'un mandat d'arrêt émis par la justice londonienne pour les crimes de guerre commis à l'encontre des habitants de Ghaza, selon un journaliste d'El Jazzera. Même si l'information est démentie par le bureau de Livni, l'annulation de sa participation à la conférence annuelle du Fonds national juif (le FNJ est le fonds central du mouvement sioniste) qui se tient ces jours-ci à Londres n'est pas un fait anodin. Particulièrement pour une personne qui aspire à être la deuxième femme à briguer le poste de Premier ministre (après Golda Meir 1969-1974) dans l'un des derniers Etats colonialistes. Devant cette ambition et au regard de l'influence du FNJ dans le lobby sioniste, la rétendante n'aurait certainement pas rechigné à se rendre dans la capitale d'un pays «ami» d'Israël. Pourtant, elle n'y va pas. Si l'information est confirmée, la Grande-Bretagne prouverait au monde, pour la seconde fois en quelques semaines, que son troisième pouvoir est bel et bien indépendant des deux premiers. La justice de l'Union Jack, par l'audition de Tony Blair sur l'invasion de l'Irak et le mandat d'arrêt contre Livni, surclasse la Cour pénale internationale (CPI), première juridiction pénale internationale permanente ayant «compétence à l'égard des crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale. Malheureusement, force est de constater que cette instance internationale comme ses tutelles, le Conseil de sécurité et l'ONU, est sélective. D'où l'urgence de revoir le mode de fonctionnement de ces organes. La frustration des citoyens du monde qui ont vu des semaines durant les enfants de Ghaza mourir sous la machine de guerre du pays sioniste, aura-t-elle enfin trouvé un exutoire ? Les pacifistes fidèles aux causes justes qui ont crié aux quatre coins de la planète leur sentiment d'injustice et d'écœurement face à l'inaction des grandes puissances quant aux horreurs commises seront-ils apaisés ? Car il y va de la crédibilité de tout un monde censé être basé sur la sacro-sainte charte des droits de l'Homme et autre déclaration universelle des droits de l'Homme. La justice anglaise, même si rien n'est encore fait, serait-elle en passe de devenir un exemple d'équité dans une ère du temps où la loi du plus fort a repris ses droits ? Robin des bois renaîtrait-il de ses cendres ? Rien n'est moins sûr. Mais, si l'information du mandat d'arrêt contre Livni se confirme, l'espoir est permis. L'ex-ministre des Affaires étrangère israélienne perdra un allié de poids, mais elle pourra compter sur d'autres soutiens et des moins attendus. Alors que Londres lui ferme les bras, elle pourra toujours se faire convier par Le Caire ou Rabat. C'est le monde à l'envers. S. A.